La troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC3), tenue du 9 au 13 juin à Nice, a enregistré une absence notable de chefs d’État africains. Plusieurs raisons expliquent ce manque d’engagement de la part du continent, malgré l’enjeu crucial que représentent les océans pour les économies côtières.
1️⃣ Une présence scientifique, pas politique
Si la conférence a rassemblé scientifiques et experts, le plateau présidentiel est resté largement vide côté africain. À Nice, « scientifiques et responsables se sont réunis … mais peu de chefs d’État africains étaient présents». Seuls quelques pays insulaires ou petits États maritimes ont envoyé leurs dirigeants, tandis que la plupart des 38 pays côtiers africains étaient absents.
2️⃣ Priorités géopolitiques et financières concurrentes
Avant Nice, l’année 2025 a déjà mis l’Afrique sur le front à travers la COP29, la réforme de la gouvernance mondiale ou la présidence G20 de l’Afrique du Sud. Le continent doit donc répartir ses ressources entre les grands sommets mondiaux. Une partie des dirigeants aurait préféré se concentrer sur les dysfonctionnements de l’ONU, les financements climatiques ou le Pacte mondial.
3️⃣ Faible ratification du Traité sur les Hautes Mers
L’Accord BBNJ (traité sur la biodiversité en eaux internationales) nécessite 60 ratifications pour entrer en vigueur. À ce jour, seules Seychelles et Maurice l’ont ratifié parmi les 55 pays africains concernés. Cette lenteur frapperait l’urgence climatique, et reflète un désintérêt politique pour un traité pourtant fondamental.
4️⃣ Absence de position régionale cohésive
Un rapport de l’Institute for Security Studies appelle à l’adoption d’une position africaine unifiée, telle que la « Grande Muraille bleue», mais la plupart des États n’ont pas présenté de démarche collective à Nice. L’absence de coordination reflète souvent un manque de stratégie commune.
Convocation tardive et manque de préparation
Dans de nombreux pays africains, les autorités ont appris tardivement la tenue de la conférence, ce qui a réduit le temps de préparation logistique et diplomatique. Résultat : une délégation professionnelle plutôt que politique a été envoyée.
Enjeux pour la Guinée et l’Afrique de l’Ouest
Pour la Guinée, riche de zones côtières vitales et dépendante de la pêche artisanale, cette posture d’absentéisme est embarrassante. La Guinée, comme d’autres pays de la CEDEAO, est directement concernée par les futures réglementations sur la pêche INN (illégale, non déclarée) et l’exploitation des hauts-fonds.
Sans représentativité politique forte à Nice, ces sujets risquent de rester secondaires dans les décisions finales.
Ce qu’il faut retenir
Défi | Conséquence |
---|---|
Faible participation politique | Faible influence dans les décisions |
Financements concurrents | Moindre visibilité diplomatique |
Ratifications lentes | Accès limité au traité BBNJ |
Coordination insuffisante | Afrique marginalisée dans les négociations |
Préparation tardive | Présence symbolique faute d’impact |
Recommandations pour la Guinée et l’Afrique
- Développer une stratégie régionale coordonnée pour les conférences internationales.
- Accélérer la ratification du traité BBNJ et autres accord su océan.
- Assurer la présence ministérielle au minimum aux conférences.
- Promouvoir le concept de « Blue Economy » comme moteur de développement durable.
L’absence des dirigeants africains à Nice est moins un manque d’intérêt qu’un symptôme de faiblesse institutionnelle et de priorités concurrentes. Pour la Guinée et ses voisins, c’est une alerte : préserver, protéger et valoriser les océans ne peut rester un enjeu marginal. Il est temps de passer de l’inaction à l’action, dans l’intérêt à la fois du continent et de l’équilibre planétaire.
La Rédaction