Dans un coup de théâtre qui secoue la classe politique guinéenne, la Cour suprême a balayé d’un revers de main une quarantaine de candidatures pour l’élection présidentielle du 28 décembre prochain. Sur 51 dossiers déposés, seuls neuf postulants ont franchi l’obstacle de la recevabilité provisoire, lors d’une audience publique tenue ce samedi 8 novembre au soir. Parmi les rescapés : le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, qui se profile comme le grand favori de ce scrutin hautement attendu.
L’annonce, prononcée par le président par intérim de la Cour suprême, Yaya Boiro, a été faite avec plus de quatre heures de retard sur l’horaire initialement prévu (18h), transformant l’événement en un suspense national. « Les candidatures irrecevables l’emportent largement », a-t-on pu entendre lors de la lecture solennelle, qui a invalidé 35 à 42 dossiers selon les sources, pour des motifs allant de l’absence de parrainages suffisants à des irrégularités administratives.
Les recalés incluent des figures emblématiques de l’opposition, comme Thierno Amadou Diallo, le Dr Ben Youssouf Keïta, l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté, Ousmane Kaba et Mory Kaba, sans oublier Mamadou Aliou Thiam, Koné Hava Diarée ou encore Alpha Condé II.
Une liste exhaustive des irrecevables, comptant pas moins de 35 noms, a été rendue publique, provoquant déjà des murmures de contestation dans les rangs de l’opposition.
Une shortlist dominée par le pouvoir en place
La liste provisoire des candidats retenus, dévoilée dans une atmosphère tendue à la Cour suprême, met en lumière une configuration inattendue. Sur les neuf heureux élus – dont deux indépendants –, plusieurs profils proches du régime de transition se distinguent. Voici la liste complète des candidats validés pour cette phase provisoire :
– Mamadi Doumbouya (candidat du pouvoir, président de la transition)
– Makalé Camara
– Ibrahima Abé Sylla
– Faya Lansana Millimouno
– Abdoulaye Kourouma
– Mohamed Nabé
– Bouna Keïta
– Abdoulaye Yero Baldé
– Mohamed Chérif Tounkara
Cette sélection, qui exclut une grande partie de l’opposition historique, soulève des questions sur l’équité du processus électoral. « C’est une purge politique déguisée », a réagi un cadre sous couvert d’anonymat, pointant du doigt les exigences draconiennes en matière de parrainages (au moins 10 000 signatures validées par les autorités locales).
Recours en vue et tensions montantes
La décision n’est pas définitive : les candidats irrecevables disposent d’un délai de 48 heures pour introduire des recours auprès de la Cour suprême, qui tranchera en dernière instance avant la proclamation de la liste définitive, prévue pour le 18 novembre. Le ministère public, représenté par le procureur général El Hadj Sidy Souleymane N’Diaye, a veillé à l’ensemble du processus, tandis que des observateurs internationaux appellent à la transparence pour éviter une escalade des tensions dans ce pays en transition depuis le coup d’État de 2021.
Avec cette shortlist resserrée, la campagne présidentielle s’annonce comme un duel à fleurons limités, où Mamadi Doumbouya, ayant officialisé sa candidature le 4 novembre, part avec une avance considérable.
L’opposition, laminée dès le départ, devra-t-elle se réinventer ou contester jusqu’au bout ?
La Guinée retient son souffle à moins d’un mois du vote.
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