Un groupe de militaires a tenté, dans la nuit de samedi à dimanche, de renverser le président béninois Patrice Talon, avant d’être neutralisé en quelques heures par les forces loyalistes. L’éphémère « Comité militaire pour la refondation » (CMR) dirigé par le lieutenant-colonel Pascal Tigri n’aura tenu que le temps d’une courte prise de parole à la télévision publique.
Vers 3 heures du matin, des soldats armés ont fait irruption à la Benin Télévision (BTV) et diffusé un communiqué annonçant la « destitution » du chef de l’État, la suspension de la Constitution, la dissolution des institutions et la fermeture des frontières. Ils reprochaient au pouvoir une « dégradation sécuritaire » dans le nord du pays, une « corruption généralisée » dans les marchés publics, l’exclusion des opposants et la « misère » des militaires et des enseignants.
L’assaut contre la résidence privée de Patrice Talon, située dans le quartier de Ganhi à Cotonou, a cependant tourné court. Repoussés par la garde présidentielle, les putschistes se sont retrouvés rapidement encerclés. Des tirs nourris et des survols d’hélicoptères ont été signalés près du port et du palais de la Marina, siège de la présidence.
« La situation est totalement sous contrôle. Le président Talon et sa famille sont en sécurité », a déclaré à l’AFP une source militaire proche du pouvoir à 7h30. Le signal de la BTV a été coupé moins de trente minutes après l’irruption des militaires, et l’armée régulière a lancé une opération de « nettoyage » dans la capitale.
Peu après 9 heures, la présidence a publié un communiqué officiel :
« Une tentative de déstabilisation par un groupuscule de militaires a été déjouée ce matin. Les institutions de la République fonctionnent normalement. Le peuple béninois peut vaquer tranquillement à ses occupations. »
Aucun bilan officiel des victimes n’a encore été communiqué.
Un contexte politique tendu
Patrice Talon, élu en 2016 et réélu en 2021, achève son second et dernier mandat. Son dauphin désigné, le ministre des Finances Romuald Wadagni, doit briguer la présidence en avril 2026. Ces dernières années, le régime a été critiqué pour des réformes électorales ayant marginalisé l’opposition et pour plusieurs affaires de corruption présumée, alimentant un mécontentement au sein d’une partie de la société et, semble-t-il, de l’armée.
Le Bénin, longtemps considéré comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest, n’avait plus connu de tentative de coup d’État depuis 1972.
Réactions internationales
L’ambassade de France à Cotonou a demandé à ses ressortissants de « rester chez eux par précaution » en raison des échanges de tirs signalés. La CEDEAO et l’Union africaine n’ont pas encore réagi officiellement, mais des sources diplomatiques indiquent qu’une réunion d’urgence pourrait se tenir dans les prochaines heures.
La situation reste sous haute surveillance à Cotonou, où des barrages militaires ont été renforcés autour des points stratégiques. Les autorités appellent la population au calme et promettent des « sanctions exemplaires » contre les auteurs et complices de cette tentative de putsch.
La Rédaction | E-mail : [email protected]











