Le Port Autonome de Conakry (PAC) continue de faire parler de lui. Selon le dernier Container Port Performance Index (CPPI 2020–2024) publié par la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence, la capitale guinéenne se classe 9ᵉ en Afrique et 235ᵉ au niveau mondial. Une performance honorable qui place la Guinée dans le cercle des ports les plus compétitifs d’Afrique de l’Ouest francophone.
Dans un contexte où la fluidité logistique est devenue un enjeu vital pour la compétitivité économique, ce classement met en lumière les efforts de modernisation entrepris ces dernières années, mais aussi les défis persistants.
Comparatif des ports francophones d’Afrique de l’Ouest (CPPI 2024)
Port | Pays | Rang africain | Rang mondial | Score CPPI 2024 |
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Dakar (Port Autonome de Dakar) | Sénégal | 3 | 108 | +23 |
Conakry (Port Autonome de Conakry) | Guinée | 9 | 235 | −2 |
Cotonou (Port de Cotonou) | Bénin | 18 | 303 | −16.5 |
Lomé (Port de Lomé) | Togo | 22 | 320 | −23 |
Abidjan (Port d’Abidjan) | Côte d’Ivoire | 30 | 358 | −51 |
Source : Banque mondiale & S&P Global Market Intelligence, CPPI 2024.
La Guinée face à ses voisins
Le tableau est clair :
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Dakar domine largement la sous-région francophone avec un score positif et une position mondiale enviable.
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Conakry, malgré un score légèrement négatif (−2), reste dans le Top 10 africain, devant des géants comme Abidjan ou Lomé.
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Les autres ports francophones ouest-africains (Cotonou, Lomé, Abidjan) souffrent de scores plus faibles, reflétant des délais plus longs d’escale et des contraintes logistiques.
Pour la Guinée, cette place est stratégique : le port de Conakry est non seulement la principale porte d’entrée commerciale du pays, mais aussi un hub potentiel pour l’hinterland (Mali, Sierra Leone, Libéria).
Opportunités et défis
Les données du CPPI rappellent que la performance portuaire n’est pas uniquement liée au trafic en tonnage, mais surtout à la rapidité et l’efficacité des opérations. Pour Conakry, plusieurs défis persistent :
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La fluidité douanière et la lutte contre la lenteur administrative ;
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Le besoin de modernisation continue des infrastructures portuaires ;
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Le renforcement de la connectivité terrestre vers l’intérieur du pays et la sous-région.
Cependant, les investissements réalisés dans la gestion des terminaux, la modernisation des équipements et la digitalisation commencent à porter leurs fruits.
Enjeux pour la Guinée
Être classé dans le Top 10 africain est une victoire symbolique pour la Guinée, mais aussi un appel à consolider cette position. Car dans une sous-région où la compétition entre ports est féroce, chaque jour de retard ou heure d’attente coûte cher aux importateurs, exportateurs et aux consommateurs guinéens.
Le défi des prochaines années sera donc de transformer cette performance relative en avantage compétitif durable, en s’inspirant des réussites de Dakar ou même de ports non francophones comme Tanger Med (Maroc), devenu une référence mondiale.
En résumé, le Port Autonome de Conakry avance dans la bonne direction. Mais pour transformer sa position régionale en leadership affirmé, la Guinée devra accélérer ses réformes et continuer d’investir dans l’efficacité logistique.
Par Mohamed Saliou CAMARA – Journaliste d’investigation – Fact-checker – Éditeur climatique – Data analyst – Ethnologue – Journaliste de Solutions – E-mail : [email protected] – Tel & Whats’App : +224620711095 – République de Guinée