Le Cameroun retient son souffle alors que les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 placent Paul Biya, président depuis 43 ans, en tête avec 53,66 % des voix, selon la Commission nationale de recensement général des votes (CNRGV).
Son principal rival, Issa Tchiroma Bakary, crédité de 35,19 %, conteste vivement ces chiffres, revendiquant une victoire à plus de 60 % sur la base de ses propres procès-verbaux. Cabral Libii, avec 3,41 %, complète le trio de tête. Alors que le Conseil constitutionnel examine une dizaine de recours en annulation pour irrégularités, le pays s’engage dans une période d’incertitude politique, marquée par des manifestations et des accusations de fraude.
Le scrutin, qui a mobilisé environ 50 à 60 % des 8 millions d’électeurs inscrits, s’est déroulé dans un calme relatif, malgré des échauffourées à Dschang et Garoua, où des rumeurs de falsification des résultats ont déclenché des heurts avec les forces de l’ordre. Le gouvernement, dénonçant des “tentatives de déstabilisation”, a renforcé la sécurité autour des domiciles des leaders de l’opposition. L’audience du Conseil constitutionnel, prévue pour le 23 octobre, devrait sceller les résultats définitifs d’ici le 26 octobre, mais les appels au calme de l’Union africaine et de la société civile peinent à apaiser les tensions.
Dans un climat déjà tendu par le conflit anglophone, les violences de Boko Haram dans l’Extrême-Nord et des défis économiques persistants (chômage, corruption), une crise post-électorale pourrait embraser le pays. Des figures comme Maurice Kamto, exclu du scrutin, et Akere Muna appellent à respecter la “voix du peuple”. Alors que l’opposition se mobilise, le Cameroun se trouve à un tournant décisif, entre continuité du régime Biya et risque d’escalade.
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