Dans cette communauté de la Guinée forestière, les prénoms ne sont pas de simples identifiants, mais de véritables fragments d’histoire familiale et sociale. Ils traduisent à la fois le rang de naissance, le contexte d’arrivée au monde, et parfois des événements marquants liés à la mère.
À travers les explications de Hawa Binttina Soumah, Ambassadrice de la Culture Guinéenne et Présidente-Fondatrice de l’ONG Cultures et Fiertés Guinéennes (CuFiG), nous plongeons dans la richesse symbolique des prénoms traditionnels Kissi.
Une hiérarchie bien codifiée des prénoms
Les prénoms sont d’abord attribués en fonction du rang de naissance maternelle.
• Chez les filles :
Sia : l’aînée
Koumba : la deuxième
Finda : la troisième
Tewa : la quatrième
Yawa : la cinquième
Sona : la sixième
Tènè : la septième
• Chez les garçons :
Sâa : l’aîné
Tamba : le deuxième
Faya : le troisième
Fara (dérivé de Fala) : le quatrième
Nyouma : le cinquième
Hali : le sixième
Kundu : le septième
Fait remarquable : ces sept prénoms masculins ont été adoptés par l’Académie Guinéenne des Langues pour désigner les jours de la semaine en langue Kissi.
Quand le prénom reflète un événement
Au-delà du rang, les Kissi attribuent également des prénoms en fonction d’événements survenus autour de la naissance :
Tchôwo : né lors d’un conflit
Kossô : né le jour d’un jugement
Bissi : né lors d’un deuil
Nèyo : né en route
Poutan : né après plusieurs mort-nés (référence aux cendres)
Yondo : né en brousse
Ces noms, porteurs de mémoire, incarnent des morceaux de vécu familial ou communautaire. Ils rappellent que pour les Kissi, chaque naissance est unique et chaque prénom est un symbole.
Un patrimoine linguistique à préserver et à transmettre aux générations futures.
La Rédaction