Il y a près de quarante ans, Thomas Sankara, président du Burkina Faso, marquait l’histoire lors d’un sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Face à ses pairs, il osait un discours frontal sur la dette extérieure, qu’il qualifiait de nouvelle forme de colonisation
« Payer, c’est mourir »
Avec son franc-parler habituel, Sankara affirmait :
« La dette ne peut pas être remboursée. Si nous ne payons pas, nos bailleurs ne mourront pas. En revanche, si nous payons, c’est nous qui allons mourir. »
Pour lui, les milliards consacrés au remboursement des créances étranglaient les budgets africains, au détriment de l’éducation, de la santé et de l’agriculture.
Une question politique avant tout
Sankara dénonçait la dette comme un instrument de domination :
« La dette est voulue, organisée et maîtrisée par l’impérialisme pour reconquérir l’Afrique. »
Il rappelait que ces dettes avaient été contractées par les régimes coloniaux ou dictatoriaux, mais que ce sont aujourd’hui les peuples africains qui en paient le prix.
L’appel à l’unité africaine
Le président burkinabè en appelait alors à une action collective :
« Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer, je ne serai pas là à la prochaine conférence. Mais avec l’appui de tous, nous pouvons refuser ensemble. »
Un avertissement presque prémonitoire : Sankara sera assassiné trois mois plus tard, le 15 octobre 1987.
Une pensée toujours actuelle
Près de quarante ans après, la dette demeure un fardeau majeur pour de nombreux pays africains. Le discours de Sankara continue d’inspirer économistes, militants et dirigeants qui réclament une réforme profonde du système financier international.
Son message reste clair : sans souveraineté économique, il ne peut y avoir de souveraineté politique.
Mohamed Saliou CAMARA || E-mail [email protected]