Au nord-ouest de la Guinée, à plus de 572 km de Conakry, se niche la préfecture de Koundara, terre des Bassaris, une communauté discrète mais riche d’un patrimoine immatériel fascinant. Ici, chaque naissance est un événement qui ne se limite pas à la joie familiale : elle inscrit l’enfant dans une histoire collective à travers un patronyme et un rang symbolique.
Lors de notre immersion, nous avons rencontré André Bendja, chef de service par intérim à la radio rurale locale Badiar, qui nous a ouvert les portes de cette tradition encore vivace.
Quand le nom devient identité
Les Bassaris portent des patronymes qui traversent le temps et les générations. Ces noms, tels que Bendia, Boubane, Bemoune, Bangar, Biès, B’Coll, Bianquinch, Bangonine ou encore Bidiar, ne sont pas de simples étiquettes. Ils incarnent l’appartenance à une communauté, un héritage transmis avec fierté.
Le rang de naissance, un marqueur social
Plus qu’un prénom, le rang de naissance joue un rôle central dans la vie des Bassaris. Il situe l’enfant dans l’ordre familial et symbolise sa place dans la lignée.
Chez les garçons, le premier-né est appelé Thiara, suivi de Tama, puis Yera, Kaly, Endega, Yabou/Yabi, Patta, Mamy et enfin Metty pour le neuvième.
Chez les filles, la hiérarchie commence avec Thira, puis Coumba, Pena, Taky, Niary, Metty, Tohy et Mamy pour la huitième.
Chaque appellation raconte une histoire et rappelle la continuité de la vie au sein de la communauté.
Une tradition en résistance
Dans un monde globalisé où les identités locales s’effacent peu à peu, les Bassaris continuent de faire vivre ces pratiques. Chaque nom prononcé, chaque rang attribué, est une manière de dire : nous existons, nous préservons ce que nos ancêtres nous ont légué.
Au-delà d’une simple curiosité culturelle, ces traditions rappellent que l’identité africaine s’écrit aussi dans les détails du quotidien, dans la façon de nommer un enfant, de le situer dans une histoire plus vaste que la sienne.