Dans un scénario digne d’un thriller géopolitique, le président malgache Andry Rajoelina a été évacué en urgence par un avion militaire français, marquant un tournant dramatique dans la crise qui secoue l’île depuis des semaines. Tandis que Paris nie toute ingérence, les rues d’Antananarivo bouillonnent de colère populaire.
Le chaos règne à Madagascar. Ce qui a commencé comme des protestations contre des coupures chroniques d’eau et d’électricité s’est transformé en un soulèvement massif contre le régime d’Andry Rajoelina. Selon des informations confirmées par RFI, le chef de l’État a été exfiltré le 12 octobre 2025 à bord d’un avion militaire français, suite à un accord personnel avec le président Emmanuel Macron.
Cette opération, qualifiée de « mesure humanitaire » par des sources françaises, intervient alors que des unités d’élite de l’armée malgache ont rejoint les manifestants, accusant le président d’une tentative de coup d’État.
Les manifestations ont éclaté le 25 septembre 2025 à Antananarivo, initialement pour dénoncer les délestages électriques qui plongent des quartiers entiers dans le noir jusqu’à 12 heures par jour, et les pénuries d’eau potable affectant 75 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté.
Inspirés par des mouvements comme ceux en Indonésie ou au Népal, les jeunes de la « Gen Z Madagascar » ont rapidement élargi leurs revendications : fin de la corruption, dissolution du Parlement et démission immédiate de Rajoelina, réélu en 2023 dans un scrutin contesté.
La répression a été brutale. Les forces de sécurité ont utilisé gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc et tirs à balles réelles, causant au moins 22 morts et plus de 100 blessés, selon le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, qui a qualifié la réponse de « choquante ».
Des villes comme Toliara, Antsiranana et Toamasina ont rejoint le mouvement, avec des barricades enflammées et des pillages sporadiques.
Face à l’escalade, Rajoelina a dissous son gouvernement le 29 septembre et nommé un nouveau Premier ministre, le général Ruphin Fortunat Zafisambo, le 6 octobre. Mais ces gestes n’ont pas apaisé la rue. Le 11 octobre, l’unité d’élite CAPSAT – qui avait aidé Rajoelina à prendre le pouvoir en 2009 – s’est mutinée, prenant le contrôle de sites clés et forçant le président à se terrer, avant son exfiltration.
Sur les réseaux sociaux, la nouvelle de l’exfiltration a enflammé les débats. « La France tire encore les ficelles en Afrique », s’indigne un utilisateur sur X, accusant Paris d’ingérence néocoloniale malgré les démentis officiels affirmant qu’aucune intervention politique n’est en cours.
Rajoelina, détenteur d’une double nationalité franco-malgache, est soupçonné par certains d’être un « agent français », ravivant les tensions post-coloniales.
Un discours de Rajoelina est attendu ce soir sur la télévision nationale, mais sa localisation reste inconnue – potentiellement La Réunion, Maurice ou Dubaï.
L’opposition, menée par Siteny Randrianasoloniaiko, prépare une procédure d’impeachment, tandis que l’armée appelle à un gouvernement de transition.
Cette crise illustre les fractures profondes d’un pays riche en ressources mais miné par la pauvreté et la mauvaise gouvernance. La communauté internationale, dont l’ONU et la SADC, appelle au dialogue, mais les manifestants exigent du concret. « Y’en a marre », scandent-ils, écho d’un ras-le-bol générationnel qui pourrait redessiner la carte politique malgache.
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