Dans un coup de théâtre qui fait grincer des dents les amateurs de football africain, Serhou Guirassy, l’attaquant guinéen en feu au Borussia Dortmund, brille par son absence parmi les trois finalistes du Ballon d’Or Africain 2025. Achraf Hakimi (Maroc/PSG), Mohamed Salah (Égypte/Liverpool) et Victor Osimhen (Nigeria/Naples) trustent le podium, reléguant l’un des buteurs les plus prolifiques du continent à un rôle de figurant.
Cette décision de la Confédération Africaine de Football (CAF) n’est pas qu’une injustice sportive : elle révèle les fissures d’une instance minée par des biais politiques et une sous-représentation criante de pays comme la Guinée. Retour sur un scandale qui pue le favoritisme.
Une saison monstrueuse, ignorée par la CAF
Rappelons les faits : Guirassy, 29 ans, a enchaîné une campagne 2024/2025 hallucinante. En 56 matchs toutes compétitions confondues avec Dortmund et la sélection guinéenne, il a inscrit 44 buts et délivré 10 passes décisives. Top scorer de la Ligue des Champions, ex æquo meilleur buteur de la Coupe du Monde des Clubs, deuxième meilleur marqueur de Bundesliga et 21e au Ballon d’Or mondial – une place inédite pour un Africain hors top 10 habituel. Nommé pour le FIFA Best Forward, il est unanimement considéré comme l’un des Africains les plus performants de l’année. Pourtant, la CAF l’a éjecté du top 3 final, après l’avoir inclus dans la shortlist initiale aux côtés de Hakimi, Salah et Osimhen.
« Ça vire déjà au scandale », tonne Foot Mercato, qui pointe du doigt une sélection opaque. Les journalistes spécialisés, eux, hurlent à l’injustice : Guirassy a réalisé « l’une des meilleures saisons individuelles du football africain », surpassant même les finalistes en termes de ratio buts/minutes. Pourquoi cette omission ? Les critères officiels de la CAF – performances en club et en sélection, impact sur les équipes nationales – semblent bafoués. Si Osimhen et Salah brillent en Premier League et Serie A, Hakimi excelle en défense, mais Guirassy ? Il est le top scorer d’Afrique 2025, tout simplement. Son faible rendement en sélection guinéenne (éliminée tôt des qualifications) est souvent cité comme explication, mais c’est un argument fallacieux : la Guinée n’a pas les ressources des Égyptiens ou Nigérians pour briller en CAN.
Réactions en cascade : Colère familiale et tollé général
L’entourage de Guirassy n’a pas mâché ses mots. Son frère et agent, Karamba Guirassy, a explosé sur Instagram : « Putain de honte », a-t-il lâché, qualifiant cette absence de « honte absolue ». Un cri du cœur partagé par des milliers de fans sur les réseaux, où #GuirassySnobé devient viral. Sur X (ex-Twitter), un journaliste sportif résume l’incompréhension : « 56 matchs, 44 buts… Malheureusement insuffisantes pour la CAF ».
Même So Foot s’étonne : « Une absence qui étonne, malgré une très belle saison en club ». Et ce n’est pas un cas isolé : Fiston Mayele, autre star congolaise, déplore déjà son exclusion du top 3, signe d’une sélection élitiste.
La Guinée, éternelle oubliée de la CAF : Un biais structurel ?
Au-delà des stats, l’absence de Guirassy sent le règlement de comptes géopolitique. La Guinée, membre de la CAF depuis 1963 via sa Fédération Guinéenne de Football (FGF), peine à peser dans les arcanes du pouvoir. Contrairement au Maroc (avec Faouzi Lekjaa, vice-président influent et candidat à la présidence FIFA), à l’Égypte ou au Nigeria, la Guinée n’a aucun poids lourd dans l’instance. Lors des dernières élections CAF en mars 2025, aucun Guinéen ne figure dans le top 6 des votants influents. Le président de la FGF, Sory Doumbouya, est reçu en audience par des officiels, mais sans impact réel.
Pire : en 2022, la CAF a brutalement retiré à la Guinée l’organisation de la CAN 2025, invoquant des manques infrastructurels et une instabilité politique post-coup d’État. Un camouflet qui a laissé des traces. « La CAF rassurée par le Général Mamadi Doumbouya » ? Les visites de Patrice Motsepe, président sud-africain de la CAF, n’ont pas suffi à effacer ce traumatisme. Aujourd’hui, cette sous-représentation se traduit par un mépris pour les talents guinéens. Hakimi, Salah et Osimhen représentent des nations dominantes – financièrement, politiquement, sportivement. La Guinée ? Un outsider, puni pour son audace.
CAF, ta couronne vacille sur fond de népotisme
Décideurs de la CAF, à quand la transparence ? Votre Ballon d’Or, censé célébrer l’excellence africaine, ressemble de plus en plus à un club privé pour les élites du Nord et de l’Ouest du continent. Snober Guirassy, c’est insulter des millions de fans guinéens et ouest-africains qui rêvent d’un football inclusif. Vos critères flous masquent un népotisme assumé : favorisez les pays qui paient rubis sur l’ongle pour les droits TV et les stades clinquants, et laissez les talents comme Guirassy crever la dalle. Motsepe, Lekjaa et consorts : réveillez-vous ! Ou risquez de voir la CAF imploser sous le poids de ces injustices. Le football africain mérite mieux qu’un trophée taillé pour les puissants.
La cérémonie des CAF Awards se tiendra fin novembre à Marrakech – ironie du sort, chez les favoris. Guirassy, lui, continuera de marquer. Et l’Histoire lui rendra justice.
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