La République de Guinée a pris de multiples engagements internationaux et adopté une stratégie nationale robuste pour renforcer sa protection de l’environnement. En vue des enjeux climatiques et de la perte de biodiversité, le pays affirme son ambition de devenir un acteur responsable et engagé dans la transition écologique.
Principaux engagements climatiques et environnementaux
1. Ratification des accords internationaux
La Guinée est signataire depuis 2016 de l’Accord de Paris sur le climat et a soumis sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN), visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % inconditionnellement, et jusqu’à 49 % de manière conditionnelle d’ici 2030.
Par ailleurs, elle a adhéré à la Convention sur la diversité biologique, ratifiant le Cadre mondial de biodiversité de Kunming adopté à la COP15 fin 2022.
La Guinée est également partie à de nombreuses conventions environnementales dont celles de Ramsar (zones humides), CITES, la Convention de Bâle, le Protocole de Montréal sur les substances appauvrissant la couche d’ozone, et la Convention sur la désertification.
Elle participe aussi aux initiatives régionales pour la transition écologique, notamment à celles portées par la CEDEAO et l’Union africaine.
Initiatives concrètes et financement
🔹 Projet « corridor de biodiversité »
En juin 2025, la Guinée a lancé un projet financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par Climate Chance. L’objectif : créer un corridor écologique Nord–Sud pour protéger les continuités biologiques et restaurer des habitats fragiles, avec une participation active des communautés locales.
🔹 Collaboration avec la FAO
Deux accords signés en avril 2024 avec la FAO visent à restaurer les forêts de Haute-Guinée et Guinée Forestière, tout en promouvant une agriculture durable et responsable. Un second accord concerne la mise en œuvre du Plan Stratégique Halieutique visant une gouvernance durable du secteur de la pêche.
🔹 Initiative Carbone souveraine
Adoptée lors de la COP28 (décembre 2023), cette initiative prévoit la création d’un Registre Carbone national, la contribution obligatoire des secteurs aérien et maritime, et un programme de compensation volontaire. L’objectif : une réduction de 49 % des émissions de GES d’ici 2030, avec des fonds investis dans des projets verts à impact social.
🔹 Renforcement de la résilience climatique
Un projet piloté par l’UNDP, lancé en juillet 2023, vise à renforcer la résilience aux effets du changement climatique dans la Guinée forestière. Plus de 650 000 personnes, dont de nombreuses femmes et jeunes, bénéficient d’une agriculture adaptée, d’un microcrédit et d’un meilleur accès à l’information climatique.
Bilan et défis à relever
Selon une analyse de Bambouguinée d’avril 2025, bien que la Guinée ait ratifié plusieurs instruments environnementaux et lancé divers projets, leur mise en œuvre reste timide. La déforestation (environ 35 % des forêts perdues depuis 2000), la pollution dans les zones minières et la mauvaise gestion des déchets restent des problèmes majeurs. L’application des lois environnementales peine à être effective.
Un tournant vers une gouvernance verte
Ces engagements montrent que la Guinée s’inscrit progressivement dans l’ordre mondial de la lutte climatique et de la conservation durable. Avec la ratification des conventions, le lancement de projets concrets, et la mise en place de mécanismes innovants comme la Contribution Carbone, le pays commence à traduire ses ambitions en actions tangibles.
Cependant, pour transformer ces engagements en résultats réels, le défi majeur reste leur exécution effective, le financement durable des projets locaux, et l’implication accrue des communautés rurales et des jeunes.
Mohamed Saliou CAMARA • Journaliste d’investigation, Fact-checker, Éditeur climatique, Data analyst, Journaliste de solutions • E-mail : [email protected]