Ce vendredi, le colonel Michaël Randrianirina, chef de l’unité d’élite CAPSAT, a prêté serment devant la Haute Cour constitutionnelle à Antananarivo, devenant officiellement le « président de la Refondation de la République de Madagascar ». Cette investiture marque un tournant dans la crise qui secoue le pays depuis fin septembre, après des manifestations meurtrières contre les coupures d’eau et d’électricité ayant conduit à l’exil de l’ancien président Andry Rajoelina.
Une transition sous haute tension
La cérémonie, décrite comme un « moment historique » par Randrianirina, s’est déroulée sans heurts majeurs dans une capitale où la vie reprend timidement.
Depuis le 12 octobre, date de l’exfiltration de Rajoelina – probablement à l’étranger avec l’appui de la France –, l’armée a pris les rênes du pouvoir. Le 14 octobre, 130 des 163 députés ont voté la destitution de Rajoelina pour « abandon de poste », actant la fin de son régime.
Le colonel Randrianirina, ancien allié de Rajoelina, s’est engagé à réformer la Constitution jugée illégitime et à résoudre les crises d’eau et d’électricité qui ont déclenché les protestations de la génération Z. Ces manifestations, réprimées dans le sang (plus de 20 morts), ont galvanisé un mouvement populaire sans précédent, soutenu par le CAPSAT, qui a refusé d’ouvrir le feu sur les foules.
Une accalmie fragile
Ce vendredi, les rues d’Antananarivo étaient calmes, avec des scènes de liesse dans certains quartiers. Un gouvernement transitoire réduit, axé sur la sécurité (armée, gendarmerie, police), est en place. Parmi les priorités : organiser une consultation populaire pour une nouvelle Constitution et rétablir les services de base.
Cependant, des défis majeurs persistent. Rajoelina, depuis son exil, dénonce un « coup d’État illégal » et pourrait tenter de rallier des soutiens. L’Union africaine a suspendu Madagascar le 15 octobre, tandis que l’ONU et la France expriment des réserves, tout en démentant toute ingérence.
Un avenir incertain
Si la transition portée par Randrianirina suscite l’espoir d’une refonte institutionnelle, la communauté internationale reste prudente. Des sanctions économiques pourraient compliquer la situation si la transition s’éternise. Pour l’heure, Madagascar retient son souffle, entre aspirations à un renouveau et risques d’instabilité.
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