Kuala Lumpur, le 22 novembre 2025 — Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a mené une action de solidarité lors de la plus grande conférence mondiale sur le journalisme d’investigation, appelant les gouvernements du monde entier à libérer plus de 320 journalistes emprisonnés et à mettre fin à l’impunité pour ceux qui s’attaquent à la presse.
Lors de la séance d’ouverture de la Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation en Malaisie, le 21 novembre, les participants ont également exhorté les gouvernements à garantir la liberté et la sécurité des journalistes pour couvrir l’événement. Plus de 1 500 personnes originaires de 135 pays et territoires participent à cette conférence.
Des journalistes de renom, dont Maria Ressa, lauréate du prix Nobel de la paix et membre du conseil d’administration du CPJ, ont rejoint le CPJ sur scène et ont brandi une banderole portant le message « Le journalisme n’est pas un crime », après la lecture d’une déclaration de solidarité par Gypsy Guillén Kaiser, directrice des affaires mondiales du CPJ, et Beh Lih Yi, directeur pour l’Asie-Pacifique.
Lors de la Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation à Kuala Lumpur, en Malaisie, le 21 novembre 2025, Gypsy Guillén Kaiser, directrice des affaires mondiales du CPJ, et Beh Lih Yi, directeur pour l’Asie-Pacifique, ont lu une déclaration de solidarité appelant les gouvernements à libérer les journalistes emprisonnés et à mettre fin à l’impunité pour ceux qui s’attaquent à la presse.
Une déclaration de solidarité a été lue par Gypsy Guillén Kaiser, directrice des affaires internationales du CPJ, et Beh Lih Yi, directrice pour l’Asie-Pacifique, lors de la Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation à Kuala Lumpur, en Malaisie. (Photo : Suzanne Lee, Alt Studio pour GIJN)
Veuillez lire la déclaration complète ci-dessous :
Aujourd’hui, être journaliste est plus dangereux que jamais depuis que le Comité pour la protection des journalistes a commencé à recenser les incidents en 1992. Dans un monde où la démocratie recule et où l’autocratie gagne du terrain, la liberté et le pluralisme des médias sont en crise. Il est impératif de s’alarmer et d’agir.
Les emprisonnements et les assassinats ont atteint des niveaux records. Parallèlement, les journalistes sont surveillés, criminalisés, diffamés et contraints à l’exil pour leur sécurité.
Jamais auparavant nous n’avions vu une telle horreur perpétrée par Israël contre des journalistes à Gaza, avec près de 250 morts dans ce conflit. De l’Ukraine à l’Éthiopie, du Myanmar au Soudan, des journalistes – civils au regard du droit international – ont été enlevés, violés, déplacés, discrédités, emprisonnés, pris pour cible par des drones et assassinés, les règles de la guerre étant bafouées en toute impunité.
Ailleurs dans le monde, l’accumulation et la convergence d’agressions entravent gravement la capacité des journalistes à exercer leur métier librement et en toute sécurité. Ces attaques peuvent parfois dissuader les journalistes de couvrir l’actualité, engendrer des frais juridiques exorbitants et semer la peur et le traumatisme.
Un nombre sans précédent de journalistes sont emprisonnés en raison de leur travail. En 2024, le CPJ a enregistré un nouveau record mondial avec plus de 370 journalistes incarcérés. L’Asie détient le triste record du plus grand nombre de journalistes emprisonnés, représentant plus de 30 % du total mondial.
Qu’ils soient enterrés ou emprisonnés, ces journalistes sont nos collègues. Ils enquêtaient sur la corruption, la politique et les conflits. Tous œuvraient pour rendre nos sociétés plus sûres, plus saines et plus égalitaires. À tout le moins, les journalistes doivent se soutenir mutuellement.
La solidarité entre journalistes est plus que jamais nécessaire. Mais elle n’est pas nouvelle. Au Mexique, les journalistes rendent régulièrement hommage à leurs collègues disparus, comme Regina Martinez, assassinée en 2012 pour avoir enquêté sur les cartels de la drogue. Ils soutiennent Jimmy Lai, dont l’emprisonnement à Hong Kong a marqué le début du déclin de l’État de droit. En signe d’unité, des dizaines de journalistes d’au moins 30 médias ont rejeté de nouvelles règles du Pentagone qui compromettraient leur travail. En 2018, en Slovaquie, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour réclamer justice après l’assassinat du journaliste d’investigation Ján Kuciak, qui avait révélé des affaires de corruption.
En tant que communauté journalistique, nous devons élaborer et reproduire une stratégie pour faire front commun. La solidarité est essentielle.
Nous vous invitons maintenant à nous rejoindre et à vous solidariser avec nos collègues du monde entier qui subissent des représailles pour avoir rapporté les faits.
Lors de la Conférence mondiale sur le journalisme d’investigation 2025 en Malaisie, nous, plus de 1 500 journalistes représentant plus de 100 pays, appelons les gouvernements à libérer immédiatement les journalistes emprisonnés ou détenus arbitrairement et à mettre fin à l’impunité pour ceux qui s’attaquent à la presse.
Nous exigeons que les gouvernements et la communauté internationale s’engagent à protéger et à promouvoir la liberté des médias, et à garantir que les journalistes puissent travailler librement et sans crainte de représailles.
La vérité peut déplacer des montagnes. Nous avons le pouvoir de la vérité. Les journalistes ne sont ni des criminels ni des cibles. Protégeons-nous les uns les autres, soutenons-nous mutuellement et, ensemble, montrons au monde que le journalisme n’est pas un crime.











