Dans un monde où la commodité prime souvent sur la prudence, l’utilisation de bols en plastique pour les repas scolaires soulève de sérieuses questions. Récemment, des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des élèves guinéens partageant un repas dans une cantine, en compagnie du Premier ministre Amadou Oury Bah, grâce au soutien du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Si cette initiative humanitaire vise à combattre la faim, elle met en lumière un risque potentiel : les bols en plastique pourraient-ils nuire à la santé des enfants ? Basé sur des analyses médicales chroniques et des données scientifiques récentes, cet article explore les dangers pour la santé humaine et compare la qualité des services du PAM en Guinée avec ceux dans les pays développés.
Les Risques Chroniques pour la Santé : Ce que disent les études médicales
Manger dans des bols en plastique n’est pas anodin. Ces contenants, souvent fabriqués à partir de polycarbonates ou de polyéthylène, libèrent des substances chimiques nocives qui migrent vers les aliments, surtout lorsqu’ils sont chauffés, acides ou gras.
Parmi les coupables principaux : les bisphénols (comme le BPA), les phtalates et les microplastiques. Ces composés s’infiltrent dans l’organisme humain et s’accumulent au fil du temps, entraînant des effets chroniques sur la santé.
Des études animales et cellulaires humaines indiquent que l’exposition aux microplastiques pourrait être liée à des cancers, des crises cardiaques, des problèmes reproductifs et une inflammation généralisée.
Une recherche publiée en 2024 dans Environmental Working Group associe les microplastiques à un risque accru d’attaques cardiaques chez les personnes souffrant de maladies cardiaques, avec une augmentation potentielle de 20 % des événements cardiovasculaires.
De plus, une étude de 2025 dans Prevention révèle que les produits chimiques libérés par les contenants en plastique pour emporter augmentent le risque de maladies cardiaques, en perturbant le métabolisme des lipides et du glucose.
Sur le long terme, ces substances agissent comme des perturbateurs endocriniens. Elles interfèrent avec les hormones, favorisant l’obésité, le diabète de type 2, une réduction de la fertilité et même certains cancers comme ceux du poumon ou des leucémies chez les populations exposées près des usines de production plastique.
Une analyse de 2024 dans Medical News Today met en évidence une augmentation de l’inflammation, de la résistance à l’insuline et du glucose à jeun chez les individus exposés.
Chez les enfants, particulièrement vulnérables en raison de leur développement rapide, ces expositions chroniques pourraient entraîner des retards cognitifs, des troubles immunitaires et une fertilité réduite à l’âge adulte.
Une étude alarmante de 2024 identifie plus de 9 900 produits chimiques potentiellement toxiques migrant des emballages plastiques vers les aliments, dont 3 600 détectés dans le corps humain.
La chaleur accélère ce processus : chauffer un bol en plastique au micro-ondes peut multiplier par 55 la migration de BPA.
Bien que le corps élimine rapidement ces toxines, l’exposition continue – comme dans les cantines scolaires quotidiennes – maintient des niveaux constants dans le sang et les tissus.
Le contexte Guinéen : une initiative louable, mais des défis sanitaires
Les images en question dépeignent une scène émouvante : des élèves guinéens attablés dans une cantine, partageant un repas distribué par le PAM en présence du Premier ministre Amadou Oury Bah. Ce programme fait partie des efforts du PAM pour lutter contre la malnutrition scolaire en Guinée, où plus de 2 millions de dollars d’aide alimentaire russe ont été distribués en 2024 via l’organisation.
Le PAM soutient des programmes de cantines scolaires dans le pays, visant à améliorer l’accès à l’éducation et la nutrition, avec des distributions d’aliments en nature achevées en octobre 2023 et des initiatives de résilience en cours.
Cependant, l’utilisation de bols en plastique, courante dans ces contextes pour des raisons logistiques et économiques, pose problème. Dans les pays en développement comme la Guinée, les normes sur les matériaux en contact avec les aliments sont souvent moins strictes, augmentant les risques de lixiviation chimique.
Bien que le PAM priorise la sécurité alimentaire, les contraintes budgétaires limitent parfois l’adoption de matériaux alternatifs comme le verre ou l’inox.
Comparaison avec les pays développés : des standards plus élevés
Le PAM intervient rarement dans les pays développés pour des programmes scolaires permanents, se concentrant plutôt sur les crises (comme en Ukraine ou lors de catastrophes naturelles). Cependant, des rapports globaux sur les cantines scolaires montrent des disparités flagrantes en qualité de service.
Dans les pays développés, où le PAM peut soutenir des initiatives temporaires, les normes sont plus rigoureuses : l’Union Européenne et les États-Unis régulent strictement les plastiques alimentaires, interdisant le BPA dans les contenants pour enfants depuis 2011 et limitant les phtalates.
Par exemple, en Amérique latine et aux Caraïbes (considérés comme des régions en transition vers le développement), un rapport du PAM de 2022 indique que 80 millions d’enfants supplémentaires bénéficient de repas scolaires nationaux, avec un accent sur des matériaux durables et des chaînes d’approvisionnement locales.
En Europe, les cantines privilégient souvent des plateaux réutilisables en métal ou en céramique, réduisant les risques de microplastiques. Une étude de 2022 sur les programmes scolaires mondiaux montre que les pays à haut revenu intègrent des évaluations d’impact sanitaire, contrairement à de nombreux contextes africains où l’urgence prime sur la qualité à long terme.
En Guinée, le PAM dessert environ 20 % des enfants scolaires via des programmes directs, mais sans focus spécifique sur les matériaux.
À l’inverse, dans des pays comme la Finlande ou le Japon (où le PAM n’intervient pas directement mais où des standards similaires existent), les repas scolaires utilisent des ustensiles non plastiques, avec des budgets alloués à la durabilité – jusqu’à 30 millions de dollars investis en 2023 pour des programmes « home-grown » en Afrique, mais adaptés localement.
Vers des solutions durables
Face à ces risques, des experts recommandent d’éviter les plastiques chauffés et de privilégier le verre, l’acier inoxydable ou la céramique.
Pour le PAM et les gouvernements comme celui de la Guinée, intégrer des normes plus strictes pourrait prévenir des problèmes de santé chroniques. Avec 80 millions d’enfants supplémentaires nourris par des programmes nationaux en quatre ans, il est temps de prioriser non seulement la quantité, mais la qualité sanitaire.
En fin de compte, si manger dans des bols en plastique est « convenable » pour des raisons pratiques, les données scientifiques plaident pour une vigilance accrue.
Le repas partagé avec les élèves est louable, mais il mérite mieux : un engagement pour des assiettes saines, pour que la Guinée – et le monde – mange sans crainte.
le Premier ministre Bah Oury et le PAM pourraient transformer en action globale. La science l’exige ; nos enfants le méritent.
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