Maurice, le 8 décembre 2025 (ECA) – Le moteur économique vital de l’océan Indien occidental, à savoir « l’économie bleue », est gravement compromis par des menaces maritimes qui coûtent à la région la somme astronomique de 1,14 milliard de dollars américains par an.
Ce chiffre impressionnant, équivalent à 5,7 % du produit marin brut de la région, a été révélé aujourd’hui lors d’une réunion régionale à Maurice, co-organisée par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et la Commission de l’océan Indien (COI).
Cet événement de trois jours, organisé à l’hôtel Sofitel, s’articule autour de trois activités : le lancement du rapport 2025 sur le coût de l’insécurité maritime dans l’océan Indien occidental, la validation d’un mécanisme de viabilité financière – un plan essentiel pour garantir un financement à long terme des structures de sécurité maritime de la région – et la validation du plan d’action de la COI pour l’économie bleue 2026-2030.
Le véritable coût de l’inaction
Le récent rapport ECA-IOC intitulé « Faire vaciller le navire : l’impact socio-économique des menaces maritimes dans l’océan Indien occidental (2025) » met en lumière l’immense valeur et la vulnérabilité correspondante de l’OIO.
En tant que corridor stratégique pour le commerce mondial, la région est indispensable : son patrimoine océanique total est évalué de manière prudente à 333,8 milliards de dollars américains, et ses industries maritimes génèrent une production annuelle d’au moins 20 milliards de dollars américains. L’océan fait vivre des millions de personnes – la pêche à elle seule emploie près de 4 millions d’Africains de l’Est – et il constitue une artère essentielle pour environ 90 % du commerce international africain.
Cependant, des menaces persistantes compromettent ce potentiel. Au-delà des pertes annoncées de 1,14 milliard de dollars, le rapport souligne que même après le recul de la piraterie dans l’océan Indien occidental par rapport à son pic de 2010-2012, les coûts de précaution et les primes d’assurance restent obstinément élevés, avec 164 millions de dollars dépensés chaque année pour les seules mesures de lutte contre la piraterie. Les catastrophes environnementales, telles que la marée noire du MV Wakashio en 2020, ont également démontré qu’un seul incident peut coûter aux pays côtiers des centaines de millions de dollars.
La nécessité d’un « investissement intelligent et durable »
Emelang Leteane, chef du groupe des initiatives sous-régionales au sein du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique de l’Est, a souligné le rôle fondamental de la sécurité dans le développement. Dans son discours d’ouverture, elle a fait remarquer que « la sécurité permet le développement, et le développement assure la sécurité. L’océan Indien occidental est une voie de vie stratégique… Le coût de l’inaction dépasse celui de la prévention. La conclusion est sans équivoque : le coût de l’inaction dépasse celui d’un investissement judicieux et durable dans la sécurité maritime. »
Faisant écho à cette préoccupation, Edgard Razafindravahy, secrétaire général de la COI, a évoqué la fragilité financière des mécanismes de sauvegarde actuels. Il a souligné que si des dispositifs régionaux comme le Centre régional de fusion de l’information maritime et le Centre régional de coordination des opérations ont permis des progrès concrets, ils manquent de stabilité.
« Pour protéger les moyens de subsistance, les économies et les écosystèmes marins, ces capacités doivent être intégrées aux budgets nationaux et régionaux, les lacunes en matière de données doivent être comblées et la coopération doit être renforcée », a déclaré Razafindravahy. « La sécurité et la prospérité bleue de la région sont intimement liées. »
Un plan pour la durabilité
Pour faire face à cette crise financière, la révision du plan « Rocking the Boat 2025 » propose une feuille de route claire :
Intégrer la sécurité : La sécurité maritime doit être pleinement intégrée à toute planification de l’économie bleue, en traitant les défis tels que la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), le trafic d’êtres humains et l’exploitation du travail comme des problèmes systémiques interdépendants.
Financement durable et sécurisé : Le rapport appelle de toute urgence à la mise en place d’un mécanisme de financement régional prévisible et pérenne. Ce mécanisme combinerait les contributions des États membres aux recettes issues des activités de l’économie bleue afin de garantir la capacité opérationnelle à long terme du RMIFC et du RCOC.
Opérationnaliser la surveillance partagée : La région doit harmoniser les formats de rapports nationaux, établir des protocoles d’échange de données sécurisés entre les États et le RMIFC et mener des patrouilles conjointes régulières coordonnées par le RCOC.
Lutter contre la pêche INN : Il existe un appel pressant à combattre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) par le biais d’une législation nationale plus stricte, d’un partage de données régional amélioré et de registres de navires transparents afin de dissuader la pêche illégale à l’échelle industrielle.
Renforcer la préparation : le WIO doit élaborer un plan d’intervention régional pour les crises majeures, notamment les déversements d’hydrocarbures et les catastrophes liées au climat, appuyé par la mise en commun des équipements et des exercices de simulation réguliers entre plusieurs agences.
Renforcer la lutte contre le trafic : Enfin, le rapport recommande que la région crée un groupe de travail régional permanent sous l’égide du RMIFC, afin de cartographier les itinéraires, de coordonner les interceptions et de faciliter la coopération juridique en vue des poursuites.
L’atelier actuel permettra de concrétiser ces recommandations en finalisant le mécanisme de financement à long terme et en faisant progresser le Plan d’action pour l’économie bleue – un effort crucial pour transformer les vastes ressources océaniques de la région en un moteur de prospérité inclusive et résiliente face au changement climatique.
Délivré par : Section des communications Commission économique pour l’Afrique
Boîte postale 3001 – Addis-Abeba (Ethiopie)










