Deux ans après l’invasion de l’Ukraine à grande échelle par les troupes russes, le conflit a déjà occasionné 152 milliards de dollars de dommages directs aux bâtiments et aux infrastructures du pays, ont indiqué jeudi dans un communiqué de presse conjoint les Nations Unies, le Groupe de la Banque mondiale, la Commission européenne et le gouvernement ukrainien.
« La guerre n’est pas terminée. Les souffrances ne sont pas terminées », a déclaré Denise Brown, coordinatrice résidente des Nations Unies en Ukraine. « Les communautés ukrainiennes ont besoin du soutien continu de leurs partenaires internationaux. L’avenir de l’Ukraine dépend du peuple ukrainien ; c’est là que nous devons investir ».
La troisième évaluation des conséquences de la guerre en Ukraine des partenaires internationaux de Kyïv, qui couvre les dommages subis sur une période de près de deux ans (24 février 2022 -31 décembre 2023), constate une légère hausse des besoins financiers nécessaires à la reconstruction du pays et indique que les dommages directs en Ukraine ont désormais atteint près de 152 milliards de dollars.
Logement, transports, commerce…
Sur le plan économique, le produit intérieur brut (PIB) de l’Ukraine, estimé pour 2023 ne représenterait plus que 74% du PIB de 2021 en termes réels.
Les dommages sont concentrés dans les oblasts de Donetsk, Kharkiv, Louhansk, Zaporizka, Kherson et Kyivska, qui sont les mêmes régions qui ont subi les dommages les plus importants comme indiqué dans l’évaluation précédente. Fin décembre, dans les régions de Donetsk, Kharkiv, Louhansk, Zaporijia et Kiev, 8.400 km d’autoroutes de routes nationales avaient été endommagés ou détruits ; de même que près de 300 ponts, 50 km de lignes ferroviaires et 1.400 km de caténaires ferroviaires.
Dans le même temps, les secteurs qui ont été les plus touchés sont le logement, les transports, le commerce et l’industrie, l’énergie et l’agriculture. Dans l’ensemble du pays, 10% des logements ont été endommagés ou détruits, ce qui prolonge le déplacement des Ukrainiens de leurs communautés.
Réhabilitation et reconstruction
La destruction du barrage de Kakhovka et de la centrale hydroélectrique en juin 2023 a eu des répercussions négatives importantes sur l’environnement et l’agriculture.
« Ces deux dernières années ont été marquées par des souffrances et des pertes sans précédent pour l’Ukraine et sa population », a déclaré la vice-présidente de la Banque mondiale pour l’Europe et l’Asie centrale, Antonella Bassani. Mais cette évaluation démontre « le dévouement de la population ukrainienne, qui déjà permis de réparer une partie des dommages et de construire le redressement ».
Mais, la reconstruction du pays nécessite des montants de capitaux bien plus considérables sur un horizon de dix ans. Le coût total de la reconstruction et du redressement de l’Ukraine s’élèvera à 486 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, contre 411 milliards de dollars estimés il y a un an.
« Les besoins en matière de réhabilitation et de reconstruction sont estimés à 486 milliards de dollars, soit environ 2,8 fois le PIB 2023 du pays », pointent les partenaires internationales. La Banque mondiale a déjà mobilisé, depuis février 2022, plus de 41 milliards de dollars de soutien financier pour l’Ukraine.
Besoins prioritaires pour 2024 : 15 milliards de dollars
Pour l’année en cours, le gouvernement ukrainien a déjà chiffré, comme l’an passé, les besoins prioritaires à 15 milliards de dollars.
« Les pays donateurs se sont engagés à hauteur de 5,5 milliards. Il va nous falloir trouver encore 9,5 milliards de dollars de financements publics et privés », détaille de son côté le gouvernement ukrainien.
En attendant, l’Ukraine s’est déjà attelée à la reconstruction. Des travaux de restauration ont par exemple été achevés pour près de 4.000 immeubles et 19.000 maisons. Des réparations d’urgence ont été effectuées sur plus de 2.000 km d’autoroutes et autres routes nationales, tandis que 115 ponts routiers ont été restaurés.
Dans le secteur de l’éducation, les autorités locales ont reconstruit environ 500 établissements d’enseignement et, depuis janvier 2023, la proportion d’établissements d’enseignement équipés d’abris anti-bombes est passée de 68% à 80%. Plus largement, les besoins les plus importants en matière de relèvement et de reconstruction concernent le logement (17% du total), suivi des transports (15%), du commerce et de l’industrie (14%), de l’agriculture (12%), de l’énergie (10%), de la protection sociale et des moyens de subsistance (9%), et de la gestion des risques d’explosion (7%).
ONUINFO