La consommation de chicha a considérablement augmenté en Guinée ces dernières années. Des bars à chicha ont vu le jour partout à Conakry et dans certaines régions du pays. Se retrouver entre amis autour d’un narguilé est une habitude que l’on retrouve chez de plus en plus de jeunes.
Cet engouement est souvent entouré d’une fausse croyance selon laquelle cet usage serait moins nocif que la cigarette.
Cette nouvelle façon de consommer du tabac – « nouvelle » arme des cigarettiers – synonyme pour beaucoup de convivialité et de dépaysement, suscite de vives inquiétudes auprès des acteurs de santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est emparée de ce problème qui touche aujourd’hui tous les pays. Il conclut que la consommation de narguilé constitue un risque grave pour la santé, tant pour les fumeurs que pour les personnes exposées à la fumée.
La chicha est une pipe orientale dotée d’un long tuyau flexible dans lequel la fumée passe dans un vase rempli d’eau. La prise d’une chicha se fait en 45 à 60 minutes pendant lesquelles le consommateur inhale une quantité importante de fumée (entre 40 et 90 litres).
D’après mes enquêtes dans certains quartiers branchés de Conakry, 50% des jeunes de 16 ans ont déjà essayé la chicha et ils sont 70% à 18 ans.
Au-delà de la convivialité apportée par cette pratique, il faut savoir que la quantité de nicotine inhalée lors d’une séance représente environ deux paquets de cigarettes. De même, la production de goudron est 10 à 100 fois supérieure à celle d’une cigarette.
La combustion du tabac à basse température est responsable d’une production importante de monoxyde de carbone, un gaz très toxique, indolore et invisible. Ce gaz remplace l’oxygène dans le sang et les cellules musculaires. Des métaux lourds comme le plomb se retrouveraient également dans la fumée, selon certains spécialistes.
De plus, contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’eau ne filtre pas les substances nocives ; il ne fait qu’humidifier et refroidir la fumée, ce qui atténue légèrement les effets irritants.
Une question importante lorsqu’on parle de chicha concerne les risques du tabagisme passif.
En effet, en Guinée, plus précisément dans plusieurs quartiers de Conakry et dans certaines régions de l’intérieur du pays, le narguilé est généralement fumé dans des lieux fermés, dans des lieux privés ou dans des bars à chicha.
Rappelons également qu’en Guinée d’ailleurs, « il est interdit depuis le 4 janvier 2021 jusqu’à nouvel ordre l’importation, la distribution et la commercialisation de chicha sur l’ensemble du territoire national », apprend un communiqué des autorités guinéennes. Mais de nos jours, cette mesure peine à s’appliquer, faute de suite. De plus en plus, les bars à chicha renaissent dans la capitale.
Les non-fumeurs sont ainsi exposés au tabagisme passif dû à la fumée de chicha. Les petites particules qui composent la fumée peuvent provoquer des irritations des yeux, de la gorge et des bronches, mais aussi des maladies coronariennes et pulmonaires.
Mohamed Saliou Camara | Journaliste d’investigation | Santé | Environnement | Pêche; Email : [email protected] ou [email protected]