La Guinée, terre de résistance et de liberté, est aujourd’hui prise au piège d’une dictature en devenir. Depuis le 5 septembre 2021, date du coup d’État mené par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) sous la direction du colonel Mamadi Doumbouya, le pays sombre dans une spirale de répression, de violations des droits de l’homme et de trahison des engagements pris par ces nouvelles autorités.
La confiscation du pouvoir par le CNRD
Le CNRD, qui avait initialement promis une transition vers un régime civil démocratique, montre désormais son vrai visage. Le Conseil National de Transition (CNT), organe supposé garantir cette transition, est aujourd’hui dirigé par une figure désignée par le général Doumbouya lui-même, compromettant ainsi son indépendance. Ce même CNT a récemment proposé un avant-projet de loi fondamentale qui, de manière inquiétante, ne respecte pas les dispositions de la Charte de la transition. Celle-ci interdit pourtant explicitement aux membres du CNRD de se présenter aux prochaines élections. Cet acte constitue une violation flagrante de l’esprit de la transition et semble destiné à ouvrir la voie aux putschistes pour s’emparer du pouvoir par des moyens légaux, en contradiction totale avec les promesses initiales de neutralité politique.
La répression des voix dissidentes
Parallèlement à cette manœuvre politique, la répression s’intensifie à l’encontre de ceux qui osent critiquer le régime. Des journalistes, pourtant garants de la liberté d’expression, sont harcelés, intimidés, voire emprisonnés pour avoir exercé leur métier en toute indépendance. Les acteurs de la société civile, autrefois fers de lance de la lutte pour la démocratie, sont persécutés, certains portés disparus. Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla alias Foniké Mengué, tous deux membres du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), sont parmi ces victimes, rappelant tragiquement que s’opposer au pouvoir en Guinée est devenu un acte dangereux.
Un bilan macabre
Depuis l’arrivée des militaires au pouvoir, plus de 30 personnes ont été tuées lors de la répression des manifestations. Ce bilan macabre résonne comme un écho sinistre aux événements de 2009, lorsque le CNDD avait brutalement réprimé les manifestations populaires contre la confiscation du pouvoir par les militaires. Les mêmes erreurs sont en train d’être répétées, plongeant la Guinée dans une période d’instabilité et de violence.
La trahison des engagements
Le général Mamadi Doumbouya, acclamé comme un libérateur lors de sa prise de pouvoir, a aujourd’hui trahi ses engagements. Lui qui promettait de défendre la liberté de la presse et de restaurer la démocratie, s’enlise dans une quête de pouvoir absolu. Sous son régime, la peur règne en maître, et le peuple guinéen, autrefois fier et résilient, est réduit au silence par la terreur.
Le silence coupable de la communauté internationale
Face à cette situation alarmante, la communauté internationale reste étrangement silencieuse. Doumbouya semble exploiter l’affaiblissement de l’influence française et occidentale en Afrique de l’Ouest pour étouffer les voix dissidentes, se croyant à l’abri de toute conséquence. Mais l’histoire montre que la répression et la dictature finissent toujours par échouer face à la détermination d’un peuple en quête de liberté.
L’urgence d’agir
Il est urgent que la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme, et les Guinéens eux-mêmes se mobilisent pour mettre fin à cette dérive autoritaire. La Guinée ne doit pas devenir une nouvelle victime de la soif de pouvoir de quelques hommes en uniforme. Le respect des droits de l’homme, de la liberté de la presse, et de la démocratie est une exigence non négociable. Il est temps de rappeler au CNRD que la confiscation du pouvoir par la force est une trahison des idéaux pour lesquels tant de Guinéens ont donné leur vie.
La Guinée mérite mieux. Elle mérite une véritable démocratie, où chaque voix compte et où chaque vie est respectée.
Boubacar Yacine Diallo