En Guinée, il existe des pratiques persistantes selon lesquelles certains médecins-chefs de services et praticiens publics orientent abusivement des patients vers leurs cliniques privées, au détriment des structures sanitaires publiques. Cette pratique malsaine, pose un grave problème d’éthique médicale et de détournement de ressources publiques.
Selon certains témoignages des patients, collectés dans certains grands hôpitaux du pays notamment Ignace Deen et Donka et auprès des ONG locales dans le cadre de notre enquête, nous avons l’agréable plaisir de vous présenter les résultats de notre rédaction.
Comment cela se manifeste-t-il ?
1. Référation forcée vers des cliniques privées
– Des médecins découragent les patients de se faire soigner à l’hôpital public (prétextant un manque de médicaments, de matériel ou de personnel).
– Ils les redirigent vers leur propre clinique ou celle d’un collègue, où les tarifs sont plus élevés.
2. Utilisation des ressources publiques à des fins privées
– Certains médecins utilisent le matériel et les infrastructures publiques (scanners, blocs opératoires) pour leurs activités privées, sans compensation pour l’État.
– Des médicaments destinés aux hôpitaux publics se retrouvent parfois dans des pharmacies privées.
3. Abus de pouvoir et conflits d’intérêts
– Des médecins-chefs de service imposent des consultations privées payantes alors qu’ils sont censés exercer gratuitement dans le public.
– Des patients sont mis en attente à l’hôpital pour les pousser à aller en clinique privée.
Conséquences de cette pratique
✔ Dégradation de la qualité des soins publics (les meilleurs médecins se concentrent sur le privé).
✔ Inégalité d’accès aux soins (les plus pauvres sont pénalisés).
✔ Perte de confiance dans le système de santé public.
✔ Détournement de fonds publics (double rémunération illégale des médecins).
Est-ce légal ?
– Non, car :
– Le Code de déontologie médicale guinéen interdit aux médecins publics de privilégier leurs intérêts privés.
– La loi sanitaire exige que les médecins fonctionnaires consacrent leur temps de travail à l’hôpital public.
– Le détournement de patients peut être considéré comme une corruption passive.
Cependant, peu de sanctions sont appliquées en raison :
➡ Du manque de contrôles efficaces.
➡ De la complicité entre certains responsables.
➡ De la peur des patients de dénoncer.
Que faire pour lutter contre ce phénomène ?
1. Renforcer les inspections sanitaires (vérifier les horaires des médecins publics).
2. Créer un système de signalement anonyme (pour les patients et le personnel).
3. Sanctionner les médecins fautifs (suspension, radiation).
4. Améliorer les conditions de travail dans le public (moins de tentation de détournement).
5. Sensibiliser les patients sur leurs droits.
A retenir que cette pratique, bien que non généralisée à tous les médecins, existe bel et bien et affaiblit le système de santé public. Une action ferme des autorités (ministère de la Santé, justice) est nécessaire pour y mettre fin.