La République de Guinée fait face à une crise silencieuse mais alarmante : les violences contre les enfants et les femmes continuent de prendre de l’ampleur. C’est ce que révèlent les statistiques officielles publiées par la Direction Générale de l’Office de Protection du Genre, de l’Enfance et des Mœurs (OPROGEM) au titre de l’année 2024.
Selon ces données de l’OPROGEM, pas moins de 957 cas d’infractions ont été enregistrés sur l’ensemble du territoire national, allant du viol à l’abandon familial, en passant par la traite d’enfants et les violences conjugales.
Les chiffres-clés :
- Viol : 212 cas, dont 211 filles et 1 garçon. Tous les cas ont été déférés devant la justice.
- Enlèvements d’enfants : 46 cas (30 garçons, 16 filles), avec 20 personnes déférées.
- Séquestration : 37 cas, dont 21 déférés.
- Abandon d’enfants : 74 cas, 32 poursuivis.
- Coups et blessures volontaires : 165 cas, avec 55 déférés.
- Abandon de famille : 170 cas, dont 67 poursuivis.
- Injures publiques : 57 cas, dont 27 déférés.
- Violences conjugales, physiques, morales et psychologiques : 157 cas, 55 déférés.
- Traite des personnes : 8 cas, 5 déférés.
- Exploitation de mineurs : 12 cas.
- Trafic des êtres humains : 2 cas, tous déférés.
- Outrage public à la pudeur : 9 cas.
Des enfants en première ligne
Les enfants paient un lourd tribut : sur les 212 viols recensés, 211 concernent des filles mineures. Les cas d’enlèvements, de séquestrations et d’exploitation confirment l’ampleur de la vulnérabilité infantile en Guinée.
Réactions et plaidoyer
Une source policière au sein de l’OPROGEM, sous anonymat, déclare :
« Ces chiffres ne sont que la partie visible de l’iceberg. Beaucoup de cas ne sont pas signalés à cause de la peur, de la honte ou de l’impunité. »
Pour la présidente de l’ONG Voix des Sans-Voix pour les Droits de l’Enfant, Mme Hawa Sylla :
« Il est urgent que l’État renforce les mécanismes de prévention et de prise en charge des victimes, et que la justice applique des peines exemplaires. »
Appels à l’action
Le rapport recommande notamment :
- Le renforcement de l’éducation communautaire sur les droits de l’enfant.
- La formation des forces de sécurité à la gestion des infractions à caractère sexuel.
- La mise en place de centres d’écoute et de prise en charge dans toutes les régions du pays.
A retenir que, ces statistiques dressent un tableau préoccupant de la situation sécuritaire et sociale des enfants et des femmes en Guinée. À travers cette alerte chiffrée, l’OPROGEM appelle à une mobilisation nationale pour freiner la spirale des violences, garantir la protection des plus vulnérables, et faire de la Guinée un pays où grandir n’est plus un risque, mais un droit.
Mohamed Saliou CAMARA, journaliste d’investigation, Fact-Checker, Analyste de données & Journaliste de solutions