Depuis des générations, une croyance populaire circule dans certaines régions de Guinée et d’Afrique de l’Ouest : une femme veuve ne devrait pas se laver à l’eau chaude, au risque de provoquer des malheurs ou d’attirer les mauvais esprits. Mais cette idée largement répandue résiste-t-elle à l’épreuve des textes religieux ?
La réponse est non. Rien, absolument rien dans le Coran ou dans la Sunna authentique n’interdit à une femme veuve d’utiliser de l’eau chaude.
Ce que dit l’Islam
L’Islam, loin des superstitions, établit une ligne claire concernant le statut de la veuve. Selon le verset 234 de la sourate Al-Baqara, une femme dont le mari est décédé doit observer une période de deuil (ʿiddah) de quatre mois et dix jours, durant laquelle certaines recommandations sont à suivre :
- ne pas se faire belle,
- ne pas porter de parfum,
- ne pas se remarier,
- ne pas sortir sauf en cas de nécessité.
Mais aucun texte ne parle d’interdiction d’eau chaude.
Le Prophète Muhammad ﷺ, dans plusieurs hadiths, insiste au contraire sur l’importance de la propreté, de l’hygiène et du confort personnel, sans distinction de statut social ou matrimonial.
Une tradition sans fondement religieux
Selon des spécialistes de la jurisprudence islamique, cette règle serait d’origine purement culturelle. Dans certaines communautés, on pense que l’eau chaude affaiblirait la veuve ou qu’elle serait « plus vulnérable aux djinns ». Ces affirmations, bien qu’ancrées dans l’imaginaire collectif, ne trouvent aucun appui dans les textes religieux.
« L’eau chaude n’est pas interdite. La veuve peut se laver normalement, avec l’eau qu’elle juge confortable, que ce soit chaude ou froide. L’Islam ne promeut pas la souffrance inutile. », rappelle un imam de la région de Labé.
Un appel à la sensibilisation
Face à la persistance de telles croyances, de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer une meilleure éducation religieuse et sociale.
« Il faut démystifier ces idées et remettre la connaissance au cœur de la foi. Trop de femmes souffrent à cause de règles inventées », affirme Aïssatou Bah, présidente d’une association de femmes musulmanes à Conakry.
Revenir à l’essence de l’Islam
L’Islam ne condamne pas le confort, encore moins l’eau chaude. En ces temps où les rumeurs prennent souvent le pas sur la vérité, il est vital que chacun fasse l’effort de consulter les sources authentiques, de questionner les traditions, et surtout de protéger la dignité des femmes, y compris en période de deuil.
Message à retenir : Être veuve n’est pas une condamnation. C’est une épreuve que l’Islam accompagne avec compassion, dignité et respect. L’eau chaude, comme toute forme de soin personnel, n’est pas interdite. Elle est un droit humain et religieux.
La Rédaction