Coup de tonnerre sur la scène politique tchadienne : l’ancien premier Ministre et opposant, Succès Masra a été condamné ce samedi à 20 ans de prison par la justice tchadienne. Le verdict, rendu après plusieurs heures d’audience ce samedi 9 août, a provoqué la colère et l’indignation de ses avocats, qui ont dénoncé un procès « inéquitable » et « téléguidé ».
Il est condamné pour « diffusion de message à caractère haineux et xénophobe » et « complicité de meurtre » dans le cadre du drame de Mandakao, survenu en mai dernier et ayant fait 42 morts lors d’un conflit intercommunautaire.
Visiblement éprouvés, les avocats de l’ancien candidat à la présidentielle ont crié leur indignation à l’issue du jugement, certains allant jusqu’à quitter la salle en signe de protestation. Ils accusent la justice de vouloir « écarter définitivement » leur client de la scène politique.
Selon la défense, les charges retenues contre Masra reposent sur des « accusations fabriquées » liées à ses prises de position contre la gouvernance actuelle. Les avocats ont annoncé leur intention de faire appel devant les juridictions supérieures, et appellent la communauté internationale à réagir.
« Notre client vient de faire l’objet d’une humiliation, d’une ignominie », a dénoncé auprès de l’AFP Francis Kadjilembaye, coordonnateur des avocats du camp Masra.
« Il vient d’être condamné sur la base d’un dossier vide, sur la base de supputations et sur l’absence de preuve. Nous assistons à une consternation qui consiste à instrumentaliser la justice », a-t-il ajouté, assurant ne « pas se désarmer » pour « faire entendre partout où besoin sera la voix de (s)on client ».
Ce verdict risque d’attiser les tensions politiques déjà vives au Tchad, où plusieurs voix réclament un processus démocratique plus inclusif et transparent.
En plus de la peine de prison, le tribunal a infligé à M. Masra une amende d’1 milliard de francs CFA (environ 1,5 million d’euros). Le parquet avait requis, la veille, 25 ans de réclusion criminelle contre lui et ses co-accusés.
Dans la foulée, les militants du parti Les Transformateurs ont annoncé un rassemblement samedi soir à N’Djamena pour diffuser un « message spécial » en réaction à la condamnation de leur président.
La Rédaction