Mesdames et Messieurs les candidats,
Chers compatriotes militants et sympathisants,
Chers frères et sœurs guinéens,
Je m’appelle Mohamed Saliou Camara. Je suis journaliste et, avant tout, citoyen de ce pays que nous aimons tous profondément : la Guinée.
À quelques semaines du scrutin présidentiel du 28 décembre 2025, je ressens le devoir de m’adresser à vous, non pas en tant que supporter d’un camp ou d’un autre, mais en tant que fils de ce pays qui refuse de voir sa terre natale se déchirer une fois de plus au nom de la politique.
Nous avons déjà trop pleuré. Nous avons déjà trop perdu d’enfants, de frères, de sœurs, de voisins, dans des violences électorales qui n’auraient jamais dû avoir lieu. Les cicatrices de 2009, 2010, 2015, 2020 et 2021 sont encore ouvertes. Elles nous rappellent chaque jour que la haine tribale, les invectives, les mensonges organisés et les appels à la violence ne mènent qu’à la désolation.
Aujourd’hui, je vous interpelle solennellement, vous qui briguez la magistrature suprême, et vous qui marchez derrière eux :
1. Respectez les valeurs républicaines
La Guinée n’appartient ni à une ethnie, ni à une région, ni à un parti. Elle est la maison commune de tous ses enfants, du Foutanien au Forestier, du Kankanais au Basse côtier. Aucun discours qui exclut, qui stigmatise ou qui divise ne peut être toléré de la part de ceux qui prétendent diriger cette Nation.
2. Refusez le discours de haine
Un mot de trop sur les réseaux sociaux, une phrase ambiguë dans un meeting, une chanson de campagne malveillante peuvent déclencher l’irréparable. Vous avez le pouvoir et la responsabilité d’arrêter cela avant qu’il ne soit trop tard. Dites clairement à vos militants : « Pas en mon nom. »
3. Combattez la désinformation
Les fausses nouvelles, les montages vidéo, les rumeurs ethniques savamment distillées sont des armes aussi dangereuses que les cocktails Molotov. Chaque candidat doit créer, au sein de sa campagne, une cellule de veille et de démenti rapide des fake news. La vérité est le premier rempart de la paix.
4. Promouvez le vivre-ensemble
Dans vos discours, parlez de ce qui nous unit et non de ce qui nous oppose. Parlez des écoles à construire ensemble, des routes à bitumer ensemble, des hôpitaux à équiper ensemble. Faites campagne pour la Guinée, pas contre les Guinéens.
5. Engagez-vous publiquement pour une élection apaisée
Je vous demande, à tous sans exception, de signer et de respecter un Pacte républicain pour des élections paisibles : pas d’insultes, pas de violence, pas de fraudes massives, pas d’appels à l’insurrection en cas de défaite. Le peuple guinéen a besoin de ce geste fort pour retrouver confiance.
À vous, militants et sympathisants : refusez d’être les soldats d’une guerre qui n’est pas la vôtre. Refusez d’insulter l’autre parce qu’il vote différemment. Refusez de partager la vidéo truquée ou le message haineux, même si elle « fait mal » au camp adverse. Votre silence face à la haine dans votre propre camp est déjà une complicité.
Nous avons une seule Guinée.
Si nous la brûlons pour une élection, où irons-nous vivre ensuite ?
Le 28 décembre 2025, que nous allions tous voter dans le calme, que nous acceptions tous le verdict des urnes, et que le 1er janvier 2026, nous nous serrions la main, quel que soit le vainqueur.
Parce que la Guinée est plus grande que nous tous.
Parce que la paix n’a pas de prix.
Avec respect et espoir,
Conakry, 10 décembre 2025
Par Mohamed Saliou Camara –
Journaliste et citoyen guinéen || E-mail : [email protected] || Tél : +224620711095










