1. Un double discours devenu habituel
L’échange d’accusations entre la RDC et le Rwanda s’inscrit dans une dynamique bien connue :
Kinshasa accuse régulièrement Kigali de soutenir ou d’encourager des groupes armés opérant à l’Est.
Kigali, de son côté, inverse fréquemment la charge en accusant Kinshasa — et parfois des alliés comme le Burundi — d’attaques ou de provocations.
Ce schéma crée une spirale de méfiance qui complique toute avancée diplomatique.
2. Communication stratégique et guerre médiatique
Le communiqué rwandais publié sur les réseaux sociaux montre que les deux gouvernements cherchent à influencer l’opinion publique, nationale et internationale.
Dans ce type de crise, les déclarations officielles deviennent des outils de communication politique, destinés autant à mobiliser leurs populations qu’à peser dans les discussions régionales.
3. Le cas d’Uvira : un point chaud
Les violences rapportées à Uvira s’inscrivent dans un contexte d’instabilité chronique dans le Sud-Kivu.
Le fait que des sources locales évoquent une avancée de l’AFC/M23, même si non confirmée, révèle deux choses importantes :
– l’incertitude totale sur le contrôle territorial dans la région ;
– la présence d’un vide sécuritaire permettant aux groupes armés de s’implanter.
Uvira devient ainsi un lieu symbolique où se superposent affrontements locaux, enjeux frontaliers et tensions géopolitiques régionales.
4. Conséquences sur les accords RDC–Rwanda
Les accusations mutuelles montrent que :
– les accords existants sont fragiles,
– les mécanismes de surveillance ou de confiance ne fonctionnent pas,
– et la moindre étincelle peut raviver les tensions.
Ce « ping-pong » diplomatique montre surtout l’absence d’un arbitre régional solide, malgré la présence de mécanismes comme l’EAC, l’UA ou les médiations internationales.
5. Risque d’escalade
La montée des accusations publiques peut :
– renforcer les tensions militaires sur le terrain ;
– compliquer toute négociation ;
– et augmenter le risque de conflit direct ou par procuration entre plusieurs États de la région.
Ce qui se joue ici dépasse largement l’affaire d’Uvira :
c’est la rivalité structurelle RDC–Rwanda, la fragmentation sécuritaire du Kivu et l’incapacité diplomatique régionale à imposer une solution durable.
Par BERETE O. Jack || Correspondant R.D Congo pour Bambouguinee.com










