Depuis le 3 avril 1984, la Guinée a traversé plusieurs régimes, chacun apportant ses propres dynamiques et défis.
Cependant, une constante a marqué la gouvernance du pays : la gestion ethnique des nominations et des recrutements au sein du gouvernement.
Cette pratique, ancrée dans la politique guinéenne, a souvent entravé le développement et la cohésion nationale, exacerbant les tensions ethniques et minant la confiance des citoyens envers leurs dirigeants.
La manipulation ethnique dans la formation des gouvernements
Un phénomène récurrent en Guinée est l’utilisation stratégique des nominations gouvernementales pour conquérir le soutien des différentes ethnies. Par exemple, si le président en exercice est Malinké et souhaite obtenir l’appui des Peuls, il nomme un Premier ministre Peul. De même, pour les autres pour gagner le soutien de la Forêt, de la Basse ou la Haute Guinée, il choisira un Premier ministre venu de cette localité. Cette approche de division ethnique dans la formation des gouvernements n’a fait que renforcer les clivages et a souvent été perçue comme une tentative de manipulation plutôt qu’une véritable inclusion.
Cette gestion ethnocentrique a eu des conséquences profondes sur le tissu social et économique du pays. Les compétences et le mérite sont souvent relégués au second plan, au profit de l’appartenance ethnique. Cela a non seulement créé un climat de méfiance, mais a également freiné le développement du pays. Les fonctionnaires recrutés sur la base de l’ethnicité, plutôt que sur leurs compétences, sont souvent moins efficaces, ce qui nuit à la performance globale de l’administration publique.
Pour sortir de ce cycle vicieux, il est impératif que les dirigeants guinéens adoptent une approche fondée sur le mérite et la compétence. Les nominations au sein du gouvernement devraient se baser sur les qualifications et la capacité à assumer les responsabilités, indépendamment de l’origine ethnique. Il est crucial de promouvoir une gouvernance inclusive qui valorise la diversité tout en mettant l’accent sur les compétences.
La Guinée regorge de talents issus de diverses ethnies, et il est essentiel de tirer parti de cette richesse pour assurer un développement harmonieux et durable. Qu’il s’agisse de Malinkés, de Soussous, de Peuls ou d’autres communautés, chaque Guinéen doit avoir la possibilité de contribuer au progrès du pays, en fonction de ses capacités et de son engagement.
Il est temps que la Guinée tourne la page de la politique ethnocentrique et embrasse une gestion basée sur le mérite et la compétence. En mettant fin à ces pratiques discriminatoires, le pays pourra non seulement renforcer son unité nationale, mais aussi garantir une administration publique plus efficace et performante. La clé du succès réside dans la reconnaissance et la valorisation des talents, indépendamment de l’origine ethnique. C’est ainsi que la Guinée pourra véritablement réaliser son potentiel et assurer un avenir meilleur pour tous ses citoyens.
Alpha Amadou BARRY
Consultant