« Vous avez le droit d’être en colère. Je suis en colère, moi aussi », a écrit le chef de l’ONU sur les réseaux sociaux jeudi, à l’issue de sa réunion avec des représentants de la jeunesse et de jeunes défenseurs de l’environnement. « Je suis en colère parce que nous sommes au bord du gouffre climatique et que je ne vois pas assez d’urgence ou de volonté politique pour faire face à cette situation d’urgence ».
Si les premiers jours de la COP de cette année ont été marqués par les discours, les lancements de rapports et les interventions d’experts attendus, la table ronde des jeunes était différente.
Organisée par le Groupe consultatif de la jeunesse et YOUNGO – la communauté officielle des jeunes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) – la discussion s’est franchement écartée des formalités habituelles du programme du Secrétaire général des Nations Unies.
Oubliant les discours traditionnels, de jeunes éco-activistes du monde entier ont choisi de présenter leur vision de la lutte contre le changement climatique, d’engager des discussions franches sur les défis qu’ils rencontrent et même de solliciter les conseils du chef de l’ONU sur la manière de prendre des mesures significatives pour prévenir une catastrophe climatique.
Une réalité quotidienne
Les participants ont parlé de leurs rêves et de leurs craintes, proposant des mesures concrètes pour rendre le monde plus durable et plus sûr pour les générations futures.
Pour beaucoup, les questions climatiques ne sont pas des concepts abstraits, mais des réalités quotidiennes qu’ils sont déterminés à affronter.
« Nous avons discuté du rôle de la jeunesse dans le développement durable et la lutte contre le changement climatique. Le fait que M. Guterres écoute les opinions des jeunes et valorise leurs idées est très important pour moi », a déclaré Aysel Azizova, une jeune activiste environnementale d’Azerbaïdjan, à ONU Info à l’issue de la réunion affirmant que sa rencontre avec le Secrétaire général « a été très productive et inspirante ».
« Ce dialogue nous a aidés, mes collègues et moi, à mieux comprendre les causes du changement climatique et les solutions potentielles. Il nous a donné des conseils pratiques », a déclaré Mme Azizova.
La jeune activiste a indiqué qu’au cours de la discussion, elle avait suggéré des mesures pour stimuler l’investissement dans les technologies vertes et s’attaquer aux limitations des ressources, en particulier pour les pays en développement. « M. Guterres a gentiment répondu à ma question et a expliqué tous les détails », a-t-elle ajouté.
Les jeunes au cœur de l’action climatique
A son tour, Lamin Jawo, un militant des droits de l’enfant de 18 ans originaire de Gambie, a fait part de ses réflexions à ONU Info : « J’ai retenu deux points importants de son discours, le premier étant l’implication des jeunes. La voix des jeunes, en particulier des groupes marginalisés comme les enfants et les personnes handicapées, est essentielle dans l’action climatique ».
Le point de vue des jeunes devrait faire partie intégrante des initiatives climatiques, a-t-il dit, avant d’ajouter : « le deuxième point concerne le financement de la lutte contre le changement climatique. Le Secrétaire général a mentionné que le financement est disponible, je voudrais donc dire qu’il devrait être accessible à toutes les nations, en particulier les plus vulnérables au changement climatique. »
Résilience urbaine, savoir autochtone
L’architecte et urbaniste HY William Chan, qui est également le plus jeune conseiller municipal Lord Mayoral de Sydney, en Australie, s’est également entretenu avec ONU Info, soulignant le rôle des villes en première ligne du changement climatique.
« Les remarques du Secrétaire général de l’ONU ont trouvé un écho en moi, d’autant plus que l’Australie a une histoire autochtone profonde qui met l’accent sur une relation harmonieuse avec l’environnement », a-t-il déclaré.
« Le Secrétaire général a également souligné la nécessité d’une réforme mondiale, à laquelle notre génération appelle de ses vœux depuis longtemps », a ajouté M. Chan.
« Les systèmes de gouvernance actuels nous font défaut, en particulier aux communautés vulnérables et aux pays en développement qui se trouvent en première ligne face à l’urgence climatique. Il a insisté sur la nécessité d’une approche plus équitable du développement et du financement, qui garantisse que les ressources et les politiques soient accessibles et adaptées aux communautés les plus touchées, y compris les petits États insulaires », a fait valoir le jeune conseiller.
Selon M. Chan, les jeunes devraient être des décideurs et pas seulement des participants au processus. Il a souligné que les mots de M. Guterres constituent un rappel puissant de la responsabilité morale collective de poursuivre le changement systémique dans l’intérêt des générations futures.
Je compte sur vous, vous pouvez compter sur moi
Dans un message de suivi adressé aux jeunes, le chef de l’ONU les a exhortés : « Je vous demande d’être encore plus déterminés et imaginatifs pour maintenir la pression en faveur de l’action climatique. Nous avons besoin d’un mouvement de jeunesse fort, aujourd’hui plus que jamais ».
Le Secrétaire général des Nations Unies a réaffirmé son engagement à soutenir les jeunes défenseurs du climat, qualifiant la crise climatique de « bataille la plus importante de notre temps » et insistant sur le fait que « nous devons gagner ».
« Je compte sur vous et vous pouvez compter sur moi », a dit M. Guterres.
ONU-INFO