Dans une cérémonie empreinte de solennité, l’ancien président guinéen Alpha Condé a reçu ce jeudi 6 novembre, à Luanda, la prestigieuse Médaille du 50ᵉ anniversaire de l’indépendance de l’Angola, en Classe d’Honneur. Une distinction remise par le président angolais João Manuel Gonçalves Lourenço, qui souligne les liens indéfectibles entre les deux nations africaines.
Une distinction pour un « héros de la solidarité africaine »
L’événement s’est déroulé à l’Hôtel Intercontinental de Luanda, en présence de nombreux dirigeants africains et personnalités internationales invités pour marquer le demi-siècle d’indépendance de l’Angola, conquise en 1975 après une longue lutte contre le colonialisme portugais.
Alpha Condé, âgé de 87 ans et figure emblématique de la panafricanisme, a été honoré pour ses « contributions exceptionnelles au rayonnement de l’Angola et au renforcement des liens de coopération régionale ». Cette médaille récompense également son engagement historique en faveur de la solidarité interafricaine, rappelant le soutien apporté par la Guinée à la cause angolaise durant les années de libération.
« Le courage et le sacrifice du peuple angolais dans sa quête de liberté et d’autodétermination méritent d’être célébrés, et nous valorisons particulièrement les partenaires et alliés qui ont nourri l’amitié et la solidarité avec notre pays », a déclaré le président Lourenço lors de la remise des insignes, selon des sources officielles angolaises.
Bien que des citations directes d’Alpha Condé n’aient pas été rendues publiques immédiatement, l’ancien dirigeant guinéen, professeur de renom et ancien leader de l’Union africaine, est apparu ému lors de cette reconnaissance inattendue.
Contexte des festivités : 50 ans de fierté nationale
Cette cérémonie s’inscrit dans une série d’hommages orchestrés par le gouvernement angolais pour commémorer non seulement ses héros nationaux, mais aussi ses amis du continent. Le 11 novembre prochain, jour officiel de l’indépendance, Luanda vibrera au rythme de parades et de discours, mais les préparatifs ont déjà commencé avec panache.Alpha Condé n’est pas le seul récipiendaire : d’autres figures africaines ont été conviées, renforçant l’image d’un Angola tourné vers l’unité continentale sous l’ère Lourenço.
Pour les Guinéens, cette nouvelle est un motif de fierté nationale. Sur les réseaux sociaux, les partisans du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel), le parti fondé par Condé, saluent un « honneur pour tout un peuple ».
Pourtant, l’invitation n’est pas sans controverse. En Guinée, où Alpha Condé fut renversé par un coup d’État en 2021 après des années marquées par des accusations de répression et de mauvaise gouvernance, certains opposants y voient une « réhabilitation prématurée ». « Célébrer un dirigeant entaché par des violations des droits humains, c’est une insulte à la mémoire des luttes africaines véritables », a réagi un militant anonyme sur X (ex-Twitter).
Un geste diplomatique au cœur de l’Afrique post-coloniale
Au-delà des débats, cette distinction illustre les dynamiques diplomatiques en Afrique de l’Ouest et australe. L’Angola, riche en pétrole et pivot régional, multiplie les gestes envers ses voisins pour consolider des alliances face aux défis sécuritaires et économiques. Pour Alpha Condé, exilé depuis son éviction et souvent vu comme un paria par une partie de la communauté internationale, cette médaille pourrait marquer un retour en grâce symbolique sur la scène panafricaine.
Alors que la Guinée s’apprête à une élection présidentielle cruciale le 28 décembre prochain – avec le Général Mamadi Doumbouya candidat à sa propre succession –, cet honneur angolais ravive les mémoires et interroge l’héritage controversé de l’ère Condé. Luanda, en tout cas, a choisi de célébrer l’ami fidèle plutôt que les ombres du passé.
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