Hollywood pleure un de ses visages les plus charismatiques et énigmatiques. Cary-Hiroyuki Tagawa, l’acteur nippo-américain qui a terrorisé des générations en incarnant le sorcier Shang Tsung dans Mortal Kombat, est décédé jeudi 4 décembre 2025, à l’âge de 75 ans. Entouré de ses enfants dans sa maison de Santa Barbara, en Californie, il a succombé aux complications d’un accident vasculaire cérébral (AVC), comme l’ont confirmé sa porte-parole Penny Vizcarra et sa manageuse Margie Weiner auprès de USA Today et People. Une perte brutale pour le cinéma, la télévision et même les jeux vidéo, où son aura maléfique et sophistiquée laissera une empreinte indélébile.
Un parcours forgé dans l’exil et les arts martiaux
Né le 27 septembre 1950 à Tokyo, fils d’une actrice de la troupe Takarazuka et d’un père militaire américano-japonais, Tagawa grandit entre le Japon et le Sud des États-Unis – un « paradigme Est-Ouest » qu’il évoquait souvent comme le fil rouge de sa vie. Élevé dans des bases militaires comme Fort Bragg en Caroline du Nord, il affronte les préjugés raciaux des années 1950 avant de s’immerger dans les arts martiaux. Étudiant à l’Université de Southern California, il perfectionne son karaté au Japon et crée son propre style, le Chu Shin, qu’il enseigne plus tard à Los Angeles. Des jobs improbables – chauffeur de limousine, livreur de pizzas, agriculteur de céleri – le mènent au cinéma à 36 ans, repéré par Bernardo Bertolucci pour Le Dernier Empereur (1987). Dans ce chef-d’œuvre oscarisé neuf fois, il joue le chauffeur de l’empereur Puyi, marquant ses débuts fracassants.
La décennie 1990 le propulse au rang de méchant iconique. Après un caméo dans Big Trouble in Little China (1986) de John Carpenter, il endosse le rôle de Kwang Jings dans Permis de tuer (1989), face à James Bond. Puis vient Mortal Kombat (1995), où son Shang Tsung – sourire carnassier, regard perçant – vole la vedette au casting emmené par Christopher Lambert. Il reprend le personnage dans la suite de 1997, la série web Mortal Kombat: Legacy (2013) et même dans le jeu vidéo Mortal Kombat 11 (2019), où sa voix et son likeness captivent les gamers. « Nous avons perdu une légende aujourd’hui », a tweeté Ed Boon, co-créateur de la saga, soulignant son privilège d’avoir collaboré avec lui.
Des vilains inoubliables, d’Hollywood aux séries cultes
Prolifique avec plus de 150 crédits, Tagawa excelle dans les antagonistes nuancés. Dans Pearl Harbor (2001), il est le commandant Genda ; dans La Planète des singes (2001) de Tim Burton, un rôle mystérieux ; dans Mémoires d’une geisha (2005), le baron cruel, malgré les critiques sur l’authenticité culturelle du film. À la télévision, il brille en Nobusuke Tagomi, l’inspecteur ambigu de Le Maître du Haut Château (2015-2019) sur Amazon Prime, adaptation uchronique de Philip K. Dick. On le voit aussi en mentor vengeur dans Revenge, en Heihachi Mishima dans Tekken (2010), ou en guest-star récurrente dans Star Trek : La Nouvelle Génération, MacGyver et Hawaii Five-0. Son dernier rôle ? Le maître Eiji dans la série animée Blue Eye Samurai (2023), preuve de sa vitalité créative.
Producteur et activiste discret pour la représentation asiatique, Tagawa convertit en 2015 à l’orthodoxie orientale et acquiert la citoyenneté russe en 2016. Marié de 1984 à 2014 à Sally Phillips, mère de deux de ses enfants, il laisse trois héritiers – Calen, Brynne et Cana – et deux petits-enfants, River et Thea Clayton. Sa manageuse le décrit comme « une âme rare : généreux, réfléchi, infiniment dévoué à son art », une perte « incommensurable ».
Un raz-de-marée d’hommages sur les réseaux
La nouvelle, confirmée par The New York Times, CNN et Variety, a submergé X (ex-Twitter). Des fans partagent des GIF de Shang Tsung : « RIP à l’acteur qui m’a fait aimer les méchants », tweete un utilisateur. IGN titre : « Repose en paix. Ton âme est éternelle ». En France, où Mortal Kombat reste culte, les réactions affluent : « Un pionnier asio-américain, adieu Tagomi », lit-on sur les fils d’actualité. Pas de hoax ici – les sources convergent, et les hommages de pairs comme Justin Wong, pro-gamer, soulignent son impact générationnel.
Cary-Hiroyuki Tagawa n’était pas qu’un acteur ; il était un pont culturel, un maître des ombres qui illuminait l’écran. À 75 ans, il tire sa révérence, mais son empire perdure dans nos souvenirs. Que Shang Tsung guide son âme vers des tournois éternels.
La Rédaction










