Ils étaient loin de croire revivre un enfer similaire à l’épidémie à virus Ebola qu’ils avaient échappé entre 2013 et 2015. Dans leurs vies quotidiennes dans la société, ils sont régulièrement mis à l’index. L’épidémie a laissé des stigmates dans plusieurs localités et dans diverses communautés en Guinée. Les survivants font de leur mieux pour retrouver une place dans la société. Un pari difficile à gagner d’autant que les obstacles liés notamment aux préjugés sont nombreux.
Depuis quelques semaines, un autre facteur a créé de problèmes aux survivants. Il s’agit de la résurgence de l’épidémie Ebola au Congo Kinshasa. A Benty, une localité de la préfecture de Forécariah, les anciens malades d’Ebola payent les frais de l’annonce d’Ebola au Congo. Ousmane Koumbassa, paysan ayant survécu au virus en 2014 est obligé souvent de se terrer chez lui pour échapper aux mauvais regards. « Depuis que les gens ont suivi les informations sur France24 annonçant l’arrivée d’Ebola, notre vie avec les communautés s’est de plus en plus compliquée. Je suis insulté et menacé quand je passe devant un groupe de personnes. La dernière fois, il y a un jeune qui a menacé de me poignarder si je m’approchais de lui. J’étais obligé de fuir », explique Ousmane Koumbassa à notre reporter.
Il y a deux mois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré élever la propagation du virus au rang d’urgence sanitaire mondiale. Une déclaration qui jusqu’ici a occasionné des violences contre les familles et les survivants d’Ebola dans plusieurs localités de la Guinée.
A N’zérékoré, les autorités en charge de la santé ont enregistré une dizaine de cas des agressions parfois meurtrières et de menaces de mort à l’endroit des survivants d’Ebola et de leurs familles. Dans région forestière située au sud-est de la Guinée, des familles entières ont été intimées de quitter leurs domiciles à cause des menaces de violences à leur encontre.
Certains chefs de quartier s’inquiètent de la tournure des violences et appellent les autorités à protéger les survivants du virus et leurs familles. Un appel visiblement qui n’est pas entendu car jusqu’ici aucune mesure n’est prise pour assurer la sécurité des anciens malades d’Ebola. Un ancien infirmier travaillant pendant la période d’Ebola a été battu à mort pendant des inconnus au quartier Galakpaye, a-t-on appris de source sécuritaire.
Ces derniers jours, c’est une ancienne rescapée d’Ebola qui a échappé de justesse à un lynchage. Les populations craignent que les anciens malades d’Ebola ne soient un facteur de contamination dans leur quartier. « J’ai été attaquée de toute part. J’ai fallu laisser ma vie », explique l’ancienne survivante du virus mortel.
Malgré les multiples violences, les autorités sécuritaires n’ont pris aucune disposition pour assurer la sécurité des survivants qui sont abandonnés face aux menaces et violences des communautés. Entre le sentiment d’être abandonné par la société et même les autorités qui sont censées les protéger, ces familles sont aujourd’hui désemparée et ne savent plus quoi faire et à qui faire confiance.
Mohamed Saliou Camara
Publié le 25 octobre 2019 (Bambouguinee.com)