La 68ème session de la Commission de la condition de la femme se réunit cette année du 11 au 22 mars sur le thème « Accélérer la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles en s’attaquant à la pauvreté et en renforçant les institutions et le financement dans une perspective d’égalité entre les hommes et les femmes ».
1. Pousser à l’action depuis huit décennies
Les travaux de la Commission ont commencé en 1946, quelques jours après les réunions inaugurales de l’Assemblée générale, où l’ancienne Première dame des États-Unis, Eleanor Roosevelt, et une partie de la délégation du pays hôte, ont lu une lettre ouverte adressée aux « femmes du monde ».
Mme Roosevelt a appelé « les gouvernements du monde entier à encourager les femmes à prendre une part plus active aux affaires nationales et internationales, et les femmes qui sont conscientes des possibilités qui leur sont offertes de se manifester et de participer à l’œuvre de paix et de reconstruction comme elles l’ont fait dans la guerre et la résistance ».
La Commission des affaires économiques et sociales (ECOSOC) a rapidement mis en place une sous-commission. Les membres qu’étaient la Chine, le Danemark, la France, l’Inde, le Liban, la Pologne et la République dominicaine ont été chargés d’évaluer les « problèmes liés à la condition de la femme » afin de conseiller la Commission des droits de l’homme.
Dans son premier rapport, « les membres ont estimé que le travail de la sous-commission devait durer jusqu’à ce que les femmes aient atteint le point où elles étaient sur un pied d’égalité avec les hommes dans tous les domaines de l’entreprise humaine ».
Dès le début, il y a eu des appels à l’action, y compris la priorité donnée aux droits politiques, « car peu de progrès pourraient être réalisés sans eux », ainsi que des recommandations pour des améliorations dans les domaines de l’éducation civile, sociale et économique, par lesquelles « les problèmes devraient être attaqués simultanément », indique le rapport. En outre, le rapport appelle à la tenue d’une « Conférence des Nations Unies sur les femmes pour faire avancer le programme ».
En juin 1946, cette Conférence est officiellement devenue la Commission de la condition de la femme qui est donc l’un des organes subsidiaires de l’ECOSOC. De 1947 à 1962, la Commission s’est attachée à établir des normes et à formuler des conventions internationales afin de modifier les lois discriminatoires et de sensibiliser le monde entier aux questions relatives aux femmes.
2. Des accords internationaux historiques conclus
Depuis ses débuts et munies d’un nombre croissant de membres, la Commission a contribué à l’élaboration de certaines des conventions internationales les plus largement acceptées de l’histoire de l’ONU.
Avec l’aide de Mme Roosevelt, présidente du comité de rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Commission a plaidé avec succès contre les références aux « hommes » comme synonyme d’humanité. Il a également introduit un nouveau libellé plus inclusif dans la version finale adoptée par l’Assemblée générale en 1948.
En 1963, les efforts visant à consolider les normes relatives aux droits des femmes ont conduit l’Assemblée générale à demander à la Commission de rédiger une Déclaration sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, que l’ONU a adoptée en 1967.
La Commission de la condition de la femme a joué un rôle central dans l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing de 1995, le principal document de politique mondiale sur l’égalité des sexes.
3. Plus de pays, plus de besoins
Avec un nombre croissant de membres de l’ONU et des preuves de plus en plus nombreuses dans les années 1960 que les femmes étaient touchées de manière disproportionnée par la pauvreté, la Commission de la condition de la femme s’est concentrée sur les besoins des femmes en matière de développement communautaire et rural, de travail agricole, de planification familiale et de progrès scientifiques et technologiques.
Elle a également encouragé le système des Nations Unies à développer l’assistance technique pour favoriser la promotion des femmes, en particulier dans les pays en développement.
Dans ce domaine, la Commission de la condition de la femme a également rédigé en 1979 la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes qui est juridiquement contraignante.
Au cours de cette décennie, l’ONU a déclaré l’année 1975 « Année internationale de la femme ». Elle a convoqué la première Conférence mondiale sur les femmes, qui s’est tenue au Mexique. En 1977, l’ONU a officiellement reconnu la « Journée internationale de la femme », célébrée le 8 mars.
En 2010, après des années de négociations, l’Assemblée générale a adopté une résolution regroupant les sections et départements concernés de l’Organisation au sein de l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), qui continue de collaborer étroitement avec la Commission.
4. S’attaquer aux problèmes émergents
Les sessions annuelles de la Commission examinent et évaluent les questions émergentes ainsi que les progrès et les lacunes dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. Les États Membres conviennent ensuite de nouvelles mesures pour accélérer les progrès.
Depuis 2018, la Commission de la condition de la femme s’est attaquée à des défis tels que les changements climatiques, la violence basée sur le genre et la pleine participation des femmes à la prise de décision et aux stratégies de développement durable.
En adoptant des programmes de travail pluriannuels pour évaluer les progrès accomplis et formuler de nouvelles recommandations afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme d’action, la Commission de la condition de la femme transmet ses conclusions à l’ECOSOC pour qu’il prenne des mesures.
Dans le but d’atteindre toutes les femmes et de ne laisser personne de côté, la Commission contribue également au suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030 afin d’accélérer la réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
5. Joindre le geste à la parole
Les solutions pour mettre fin à la pauvreté des femmes sont largement reconnues – qu’il s’agisse d’investir dans des politiques et des programmes qui s’attaquent aux inégalités entre les sexes, de renforcer les capacités et le leadership des femmes ou de combler les écarts entre les sexes en matière d’emploi. Cela permettrait de sortir plus de 100 millions de femmes et de filles de la pauvreté, de créer 300 millions d’emplois et d’augmenter le produit intérieur brut (PIB) par habitant de 20% dans toutes les régions.
En cette année décisive, alors que 2,6 milliards de personnes doivent se rendre aux urnes pour voter, elles ont le pouvoir d’exiger des investissements plus importants dans l’égalité des sexes.
Ces questions qui changent la donne seront abordées lors de la session de la Commission de la condition de la femme de 2024, où ses 45 membres et des milliers de participants du monde entier se concentreront sur le thème « Accélérer la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles en s’attaquant à la pauvreté et en renforçant les institutions et le financement dans une perspective d’égalité entre les hommes et les femmes ».
Cette année, la Commission de la condition de la femme se tient au Siège de l’ONU à New York du 11 au 22 mars. Pour en savoir plus, veuillez cliquer ici.
Pour en savoir plus sur les sessions passées et présentes de la Commission de la condition de la femme, consultez le site d’ONU-Femmes intitulé Bref historique de la Commission de la condition de la femme.