La Guinée franchit une nouvelle étape dans sa réforme électorale. Dans un communiqué solennel lu samedi soir sur les antennes de la RTG, le gouvernement a annoncé la création officielle de la Direction Générale des Élections (DGE), un nouvel organe chargé de la préparation technique et opérationnelle des processus électoraux dans le pays.
Cette décision s’inscrit dans le cadre des réformes institutionnelles en cours et marque la volonté des autorités de renforcer la transparence et la crédibilité du système électoral guinéen, longtemps sujet à contestation.
Qu’est-ce que la DGE ?
La Direction Générale des Élections est présentée comme une entité administrative autonome, dotée de la personnalité juridique et d’une indépendance de gestion technique et financière. Elle est placée sous la tutelle de l’autorité de régulation électorale, en l’occurrence la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), mais opère comme un bras technique chargé :
- De la planification des scrutins (calendriers, logistique, cartographie électorale)
- De la gestion du fichier électoral
- Du recrutement et de la formation du personnel électoral
- Du déploiement du matériel de vote
- Et de l’exécution des opérations électorales sur le terrain
Quelle portée pour cette réforme ?
Cette réforme reprend les modèles d’organisations électorales déjà éprouvés dans certains pays africains comme le Ghana ou le Sénégal, où les commissions mixtes ou tripartites (institutionnelles, administratives et politiques) délèguent la gestion technique des élections à des directions générales professionnelles.
Avancées attendues :
- Professionnalisation du processus électoral : avec une direction stable et des techniciens électoraux de carrière, les erreurs logistiques devraient être réduites.
- Réduction de l’ingérence politique : la séparation entre les aspects techniques (DGE) et les aspects de supervision et certification des résultats (CENI) pourrait apaiser certaines tensions.
- Meilleure gestion du calendrier électoral : notamment en vue des prochaines élections locales et présidentielles.
Mais quelles sont les lacunes et incertitudes ?
Malgré les intentions affichées, plusieurs zones d’ombre subsistent :
- Nomination et indépendance réelle du personnel
Si la DGE dépend organiquement de la CENI, qui nomme les directeurs ? Quelle garantie d’indépendance par rapport à l’exécutif ? - Absence de loi organique publiée
À ce stade, aucun texte officiel détaillant les statuts, le mode de fonctionnement et les moyens financiers de la DGE n’a encore été diffusé. Cela pose la question de la légalité et de l’applicabilité immédiate de cette annonce. - Risques de conflits de compétences avec la CENI
Une superposition de rôles entre la DGE et la CENI pourrait créer des zones de friction, à moins qu’une répartition claire des missions soit rapidement établie. - Confiance des partis politiques et de la société civile
Les acteurs politiques, très sensibles à la question électorale en Guinée, n’ont pas encore réagi. Leur adhésion sera cruciale pour la crédibilité du nouveau dispositif.
Un pas dans la bonne direction, à concrétiser rapidement
La création de la DGE pourrait être un tournant majeur dans l’assainissement du paysage électoral guinéen, à condition d’être accompagnée d’un cadre juridique clair, d’un recrutement transparent, et d’un véritable dialogue politique inclusif autour des prochaines étapes du processus.
Pour l’instant, l’initiative reste à l’état d’annonce. Le gouvernement est donc attendu sur les textes d’application, les nominations officielles, et le calendrier d’opérationnalisation.
La Rédaction